Charles Schwab, un mastodonte du courtage chahuté par la fintech
Le courtier américain emblématique Charles Schwab a annoncé un changement drastique de stratégie qui a fait plonger le cours de bourse de ses principaux rivaux (et le sien aussi par la même occasion). Pour rester compétitif face à l’essor de la fintech, ce dernier a décidé de supprimer purement et simplement les commissions prélevées sur la majorité des opérations de ses clients.
Une décision à 400M$ par an
Cette décision qui date du 1er octobre et qui sera appliquée à partir du 7 octobre permettra aux clients d’acheter et vendre des actions, des fonds (ETF) ou encore des options sans aucun frais sous condition qu’ils soient listés aux États-Unis ou au Canada. Jusqu’à présent, le courtier de San Francisco prélevait une commission fixe entre 4,95$ et 6,95$ sur chacune de ces opérations – ce qui lui assurait un revenu d’environ 100 millions de dollars par trimestre.
Alors que des startups comme Robinhood ou Revolut permettent désormais à leurs clients d’investir en bourse sans aucun frais, Charles Schwab a décidé de se mettre à la page en adoptant un nouveau modèle économique. Pour palier à ce manque à gagner, les jeunes pousses ont redoublé d’ingéniosité pour trouver de nouveaux leviers de monétisation : intérêts sur les dépôts des clients, commissions sur le trading sur marge ou encore revente des données des clients en temps réel à des hedge funds.
Peter Crawford, le directeur financier du courtier, a voulu rassurer ses actionnaires en justifiant cette action par l’obligation d’anticiper l’évolution du marché : « on voit arriver de nouvelles sociétés dans notre industrie qui proposent le trading sans commission comme un vrai levier d’acquisition. Nous ne ressentons pas – encore – cette pression de la concurrence, mais nous ne voulons pas tomber dans le piège dans lequel sont tombées un grand nombre d’entreprises sur d’autres secteurs, en mettant trop de temps à répondre aux nouveaux entrants ».
Rendre l’investissement accessible à tous
Avec plus de 12 millions de clients aux États-Unis, Charles Schwab est un mastodonte du courtage. Dans son communiqué, le groupe rajoute vouloir « supprimer l’une des dernières barrières pour rendre l’investissement accessible à tous », en affirmant que cette source de revenus ne représentait aujourd’hui plus que 3 à 4% de son revenu net annuel. Par ailleurs, le courtier supprimera le montant minimum pour y ouvrir un compte.
Face à cet ouragan sur le marché du courtage, son rival direct TD Ameritrade a immédiatement répliqué en éliminant lui aussi les commissions sur les ordres de ses clients. Cela n’a pas empêché le titre de chuter de plus de 25% en une seule séance. Ce courtier, qui compte lui aussi plus de 11 millions de clients américains devra tirer un trait sur « 220 à 240 millions de dollars de revenus, soit 15-16% du revenu annuel net » dixit le directeur financier du courtier, Steve Boyle.
Quid du marché français ?
En France, Revolut offre aujourd’hui une version assez restreinte de son trading sans commission : seuls les clients Metal (13,99€ par mois) peuvent accéder à une liste de 300 actions sur le NYSE et le NASDAQ sans aucun frais de courtage. La fintech a toutefois précisé qu’elle allait étendre cette offre aux clients Premium et Standard, et qu’elle allait intégrer d’autres marchés dans sa liste.
Du côté des courtiers plus traditionnels, on a tout d’abord les pure-players comme DEGIRO, Binck ou encore Bourse Direct qui prélèvent des commissions entre 0,04% et 0,1% sur les actions listées sur Euronext Paris. Sur les marchés américains, les frais grimpent vite et atteignent parfois même les 0,2% sur les ordres inférieurs à 5 000€. Leur taille est toutefois beaucoup plus restreinte qu’un Charles Schwab ou TD Ameritrade (à l’instar de BinckBank qui comptait tout juste 639 000 clients en 2018), ce qui explique peut-être le poids moins importants des sources de revenus annexes.
Pour en venir maintenant à la banque en ligne, Fortuneo Banque et Boursorama Banque sont aujourd’hui les deux établissements qui se positionnent le « mieux » sur le courtage. Ils restent toutefois très loin des pure-players mentionnés plus haut sur tous les segments de marché, et tous les produits. Sur le NASDAQ et le NYSE, Boursorama Banque prélève par exemple 50€ pour un ordre de 5 000€, soit 1%. BNP Paribas, la maison mère de la banque en ligne Hello bank! (notre avis Hello bank!) impose même presque 1,5% de commission sur ces marchés.