Cet instant où Emmanuel Macron a finalement maintenu les élections municipales – LaDepeche.fr

l’essentiel Jeudi après-midi, la rumeur court dans les rédactions : dans son allocution télévisée à venir, Emmanuel Macron va annoncer le report des élections municipales. Ce ne sera finalement pas le cas. Retour sur ces instants de qui se sont emparés de la machine élyséenne.

La décision était prise, l’affaire pliée. Jeudi soir, deux heures avant l’intervention télévisée d’Emmanuel Macron, l’Élysée contactait certains journaux pour faire retirer l’encart publicitaire qui devait inciter les gens à voter pour les municipales dimanche.

Après avoir écouté les experts, une bonne partie de l’après-midi, expliquer que la France n’a pas dix jours de retard sur l’Italie mais seulement quatre ou cinq, le chef de l’État avait pris sa décision, affirmait un conseiller. Les écoles seraient fermées et les élections reportées. Il ne restait plus qu’à consulter les présidents de l’Assemblée et du Sénat avant de valider la chose. Une formalité, ou presque… Car vers 19 heures, l’Élysée a fait machine arrière. Les publicités ont été rétablies dans les colonnes – dont celles de La Dépêche du Midi – et à 20 heures, le chef de l’État annonçait le maintien du scrutin de dimanche.

« C’est vous le Président, mais moi je ne le ferai pas »

Le point de bascule est intervenu vers 17 heures. Selon les informations du Figaro, Emmanuel Macron a interrogé Gérard Larcher sur ce scénario, lui demandant « son sentiment ».

« C’est vous le Président, mais moi je ne le ferai pas », lui a répondu le président du Sénat en expliquant que dans ce cas il fallait être cohérent et fermer les transports en commun. Et d’ajouter : « Si vous reportez les élections municipales, alors je dirai publiquement que je suis totalement opposé à ce report ». Deux figures de la droite, Christian Jacob et François Baroin, soutiennent le chef de la chambre haute, estimant que le Premier ministre, qui les recevait le matin, aurait dû aborder le sujet avec eux.

Macron craint d’être accusé de tenter un coup politique

À cet instant, la position élyséenne tangue. Emmanuel Macron craint d’être accusé de tenter un coup politique en pleine crise. Après le 49,3 sur la réforme des retraites, l’effet serait terrible. Il décide alors de consulter le Conseil constitutionnel pour tester la réaction des Sages en cas de recours contre une telle décision, jamais vue dans l’histoire de la Ve République.

Quelques heures plus tard, rapportent Les Échos, la décision tombe. Laurent Fabius fait savoir à l’Élysée que le soutien du Conseil qu’il préside ne lui sera pas forcément acquis. Le chef de l’État rétropédale alors et renonce à décaler les élections.

Mais si Emmanuel Macron assume totalement sa décision, l’Élysée semble vouloir éviter de porter seul la responsabilité du maintien des municipales. Dès le lendemain matin, quelques informations fuitent dans la presse afin de faire connaître le rôle de la droite dans cette affaire.

Ainsi, si la promiscuité forcée dans les bureaux de vote accélérait la contagion, si l’abstention s’avérait record, si de multiples recours de maires empêchés de faire campagne venaient entacher le scrutin, la majorité serait toute prête à déployer ses boucliers pour protéger le chef de l’État de cette crise-là au moins…

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