Cergy: La police ouvre une enquête sur l’agression raciste d’un livreur – Le HuffPost

FAITS DIVERS – Une enquête judiciaire a été ouverte ce lundi 31 mai par la police nationale après la diffusion d’une vidéo filmée devant un restaurant à Cergy (Val-d’Oise) montrant des insultes racistes proférées à l’encontre d’un livreur. 

Les faits se sont déroulés dans la soirée du dimanche 30 mai devant le restaurant “Le Brasco” à Cergy. Au Parisien, le gérant explique que “quatre personnes sont passées vers 22h30 et voulaient manger. Comme on ferme à 21 heures, on les a refusées. Après, c’est parti en cacahuète et ils ont tapé un livreur Uber Eats qui attendait.” 

Selon les premiers éléments de l’enquête, le livreur noir d’Uber Eats a été agressé dimanche soir alors qu’il récupérait une commande, indique une source policière. Il a été pris en charge par les pompiers et présentait “plusieurs plaies”. Il a déposé plainte, poursuit cette source.

Une voisine a filmé la scène. C’est sur ses vidéos, très relayées sur les réseaux sociaux, que l’on entend des insultes racistes proférées par un homme qui se présente comme “algérien” à l’égard du livreur: “J’ai entendu un appel au secours. C’était le cri de quelqu’un qui avait peur. J’ouvre la fenêtre et je vois une personne qui en frappe une autre en le traitant de sale noir, d’esclave. Il disait: va chez toi, je vais niquer ta mère”, confie cette dernière, qui a aussi été insultée lorsqu’elle a demandé à l’agresseur d’enlever sa capuche pour ne pas dissimuler son visage: “Pendant 800 ans, on vous a vendus comme du bétail”, lance l’individu.

“J’avais peur. Je me posais la question: est-ce que tu fermes ta fenêtre et tu laisses l’autre comme ça ou tu l’ouvres? À un moment, le côté humain l’a emporté sur la peur”, a-t-elle confié ensuite sur le plateau de “Touche Pas à Mon Poste” lundi soir. Elle a également déposé plainte. 

Les images ont provoqué l’ouverture d’une enquête judiciaire d’initiative pour identifier l’auteur des propos racistes. “Des identifications sont en cours”, a indiqué le parquet de Pontoise. 

La Licra s’est aussi saisie de l’affaire, tandis que SOS Racisme a annoncé qu’elle se porterait partie civile aux côtés de la victime. “Dans cette agression d’une particulière gravité, la dimension raciste est revendiquée fièrement par son auteur”, déplore l’association.

Des personnalités politiques ont également réagi. La ministre déléguée à la Citoyenneté Marlène Schiappa a dit faire étudier la possibilité d’un signalement au procureur de la République via l’article 40, tandis que le député du Val-d’Oise Aurélien Taché a annoncé déposer “une plainte contre X” auprès du procureur de la République de Pontoise à la suite de cette “inadmissible agression raciste”.

Le gérant du restaurant porte plainte

À l’appel du collectif de la Brigade anti-négrophobie après la diffusion des images, près de 150 personnes se sont rassemblées lundi après-midi devant le “Brasco”, selon une source policière. 

En cause, des propos tenus par l’agresseur qui laisseraient croire qu’il était employé de l’établissement: “Je travaille ici, j’habite ici. Je paye un loyer”, l’entend-on dire sur une vidéo.

De nombreuses personnes se sont donc retrouvées devant l’établissement pour exiger une réaction du gérant, dans une ambiance parfois tendue rapporte Le Parisien. Le quotidien évoque aussi des “menaces de mort” à l’encontre des propriétaires de l’établissement sur les réseaux sociaux. 

Mais le gérant a affirmé sur Facebook que l’agresseur ne faisait pas partie de ses employés: “Suite à l’incident survenu hier soir sur le parvis, nous tenons à préciser qu’il ne s’agit absolument pas d’un de nos employés mais d’un livreur Uber Eats”, ont écrit les responsables lundi matin. 

Confronté sur le plateau de TPMP à des témoignages “de clients réguliers” affirmant l’inverse – selon l’un d’eux, l’agresseur avait déjà été vu s’occupant de la caisse – Zoubir, le gérant de l’établissement a maintenu ses affirmations: “Cette personne que l’on voit sur les images, elle ne travaille pas dans mon restaurant, elle n’y a jamais travaillé. (…) Toutes les vidéos de mon restaurant pendant 15 jours vont être données à la police pour qu’ils puissent vérifier (l’identité, NDLR) des personnes qui bossent”, a-t-il assuré, se présentant comme une des “trois victimes” de l’affaire, avec le livreur et la voisine. 

Le restaurateur a annoncé déposer plainte “afin de faire en sorte que cela ne se reproduise plus.”

Sur Twitter lundi après-midi, le maire de Cergy a fait état de deux plaintes déposées – celle du livreur et de la femme filmant la scène – en plus de l’enquête en cours. “Je condamne fermement tous propos et actes racistes. (…) Je demande à la justice d’agir au plus vite”, a-t-il déclaré.

La police a demandé de “ne pas relayer les témoignages haineux et de laisser l’enquête se dérouler”.

À voir également sur Le HuffPost: Les familles Floyd et Wright côte à côte pour réclamer des réformes de la police

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *