Ce qu’il faut savoir sur le vaccin de Johnson & Johnson – Libération

Tous les plus de 55 ans vont être éligibles à la vaccination à partir de lundi, «sans conditions», a annoncé ce dimanche le ministre de la Santé, Olivier Véran, dans le JDD. Parmi les vaccins utilisés : celui du laboratoire anglo-suédois AstraZeneca, réservé en France aux plus de 55 ans après des cas rares mais graves de troubles de la coagulation ; et, c’est la nouveauté, celui de Johnson & Johnson. Une première livraison de «200 000 doses» de ce vaccin, fabriqué par Janssen-Cilag, filiale du groupe Johnson & Johnson, est attendue ce lundi en France avec «une semaine d’avance», a indiqué le ministre de la Santé. Utilisé dans le cadre de la campagne vaccinale aux Etats-Unis, le vaccin unidose, autorisé dans l’Hexagone depuis le 12 mars, n’a pas encore été injecté aux patients européens. On vous résume ce qu’il faut savoir.

Quelle technologie utilisée ?

De la même famille que l’AstraZeneca, le vaccin de Johnson & Johnson est un vaccin à «vecteur viral». Il utilise comme support un autre virus peu virulent, transformé pour y ajouter des instructions génétiques d’une partie du virus responsable du Covid-19. Une fois dans les cellules, une protéine typique du Sars-CoV-2 est produite, éduquant le système immunitaire à le reconnaître.

Une différence notable avec le vaccin AstraZeneca : l’entreprise pharmaceutique a indiqué qu’une dose unique suffirait. Dans une interview accordée à Libération, le président du Conseil d’orientation de la stratégie vaccinale, Alain Fischer, se dit «sceptique». «Je ne vois pas pourquoi il aurait réussi cette prouesse à l’inverse des autres vaccins, indique-t-il. Nous verrons si les personnes peuvent réellement échapper à une seconde dose.» Des scientifiques ont à l’inverse exprimé des réserves sur l’effet d’une dose supplémentaire, du fait de la technique utilisée pour ce vaccin : le système immunitaire pourrait reconnaître le virus «véhicule» peu virulent injecté une seconde fois et l’éliminer avant même qu’il ne puisse agir. Des études cliniques sont en cours. Les résultats sont attendus dans les semaines qui viennent, selon Alain Fischer.

Quelle efficacité ?

L’efficacité du vaccin Johnson & Johnson a été testée lors d’essais cliniques sur environ 40 000 personnes âgées de 18 ans ou plus dans plusieurs pays, notamment les Etats-Unis, le Mexique, le Brésil et l’Afrique du Sud. Environ la moitié a reçu le vaccin, l’autre moitié un placebo et les deux groupes ont été comparés. Le vaccin s’est révélé efficace à 85% pour empêcher les formes graves du Covid-19, une donnée cruciale, car c’est ce qui évite les hospitalisations et les décès. Aucune personne vaccinée n’est morte du Covid-19 lors des essais, contre sept décès dans le groupe placebo.

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Le vaccin était par ailleurs efficace à 66% pour prévenir les formes modérées à sévères de la maladie. Un taux qui regroupe des réalités différentes entre les pays : de 72% aux Etats-Unis, il passait à 64% en Afrique du Sud, où un variant (B.1.351) était déjà ultra-majoritaire au moment de l’essai clinique, selon les données analysées par l’Agence américaine des médicaments. Et par rapport aux autres vaccins ? Le résultat de 66% ne peut pas totalement être comparé avec les quelque 95% d’efficacité affichés par les vaccins de Pfizer et Moderna, avertissent les experts. En effet, les essais cliniques de ces deux derniers ont été menés alors que les variants, notamment le variant sud-africain, n’étaient pas encore répandus.

Quels avantages logistiques ?

En plus de ne nécessiter a priori qu’une seule injection – contrairement aux vaccins de Pfizer-BioNTech, Moderna ou AstraZeneca, les trois vaccins déjà autorisés qui sont administrés en deux doses espacées de plusieurs semaines –, le vaccin Johnson & Johnson peut être conservé durant trois mois à des températures de réfrigérateur standard, ce qui facilite sa distribution.

En mars, la Haute Autorité de santé (HAS) avait rendu un premier avis général pour donner son feu vert à son utilisation pour tous les adultes à partir de 18 ans, y compris chez les plus âgés. Le vaccin de Johnson & Johnson pourrait «être utilisé de manière préférentielle dans les zones géographiques où l’épidémie est particulièrement active et où une accélération de la campagne de vaccination est estimée nécessaire», avait alors recommandé la HAS. C’est finalement l’option des paliers d’âge qui a été retenue, ce vaccin étant accessible dans un premier temps aux personnes âgées de plus de 55 ans.

Quels effets secondaires ?

Les effets secondaires les plus fréquemment observés lors des essais cliniques étaient une douleur à l’endroit de l’injection, des maux de tête, de la fatigue et des douleurs musculaires. Le laboratoire américain a fait état fin février d’au moins un cas d’anaphylaxie – une grave réaction allergique – en Afrique du Sud. De telles réactions, quoique très rares, ont aussi été provoquées par des injections des vaccins de Moderna et Pfizer. Aux Etats-Unis, les centres de prévention et de lutte contre les maladies (CDC), principale agence fédérale de santé publique, recommandent aux personnes ayant déjà eu des réactions allergiques sévères de ne pas le prendre.

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p class=”article_link”>Quid des risques de troubles de la coagulation ? Vendredi, l’Agence américaine des médicaments (FDA) a estimé qu’aucun lien de causalité n’avait été établi à ce stade entre la formation de caillots sanguins et l’injection du vaccin de Johnson & Johnson, autorisé aux Etats-Unis depuis fin février et utilisé depuis dans le cadre dans la campagne de vaccination massive. L’Agence européenne des médicaments (EMA) avait indiqué plus tôt le même jour enquêter sur des liens possibles entre ce vaccin et des caillots sanguins, après que quatre cas ont été rapportés, dont un mortel. Un cas est survenu lors d’un test clinique et trois dans le cadre de la vaccination aux Etats-Unis.

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