Ce que l’on sait sur le meurtre d’une fonctionnaire de police à Rambouillet – lemonde.fr

Des policiers à proximité du commissariat de Rambouillet où l’une de leur collègue a été tuée, vendredi 23 avril

La justice antiterroriste s’est saisie de l’enquête sur l’attaque menée vendredi 23 avril à Rambouillet, dans les Yvelines, où un homme a égorgé une fonctionnaire de police dans l’entrée d’un commissariat avant d’être abattu.

Voici ce que l’on sait de cette attaque.

  • Que s’est-il passé ?

D’après les premiers éléments recueillis par des témoins sur place, l’agresseur, un homme de nationalité tunisienne en situation régulière, aurait été aperçu en train d’effectuer plusieurs passages devant le commissariat de Rambouillet, son téléphone à la main.

Vers 14 h 20, il aurait profité de l’entrée de la victime dans le sas de sécurité à double porte de l’hôtel de police pour s’engouffrer avec elle et attendre que la porte se referme, verrouillant ainsi le dispositif de contrôle électronique de l’entrée.

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L’individu aurait ensuite brandi un couteau, sous les yeux des fonctionnaires installés au poste d’accueil du commissariat, de l’autre côté de la vitre sécurisée du sas, avant d’asséner des coups de couteau à la gorge de l’agente administrative. Après avoir réussi à déverrouiller la porte du sas, l’un des policiers aurait ouvert le feu à deux reprises sur l’assaillant. L’agresseur, touché par les deux tirs du policier, mourra peu de temps après.

La fonctionnaire est morte de ses blessures, malgré l’intervention des pompiers sur place. Au moment de son agression, elle venait de s’absenter pour renouveler son disque de stationnement.

  • Qui était la victime ?

Agée de 49 ans, la victime était une agente administrative du secrétariat du commissariat de Rambouillet. Elle « travaillait depuis plus de vingt ans au commissariat de Rambouillet », selon une source policière, où elle était chargée notamment de la gestion des statistiques relatives aux contraventions. Cette femme, prénommée Stéphanie, était mère de deux enfants mineurs.

  • Quelles étaient les motivations du tueur ?

Le tueur, Jamel G, un ressortissant tunisien de 36 ans, était inconnu des services de police et des renseignements. Originaire de la région de Sousse, dans l’est de la Tunisie, il était arrivé en France en 2009 et avait bénéficié en 2019 d’une autorisation exceptionnelle de séjour salarié, puis d’une carte de séjour en décembre 2020, valable jusqu’en décembre 2021, selon le Parquet national antiterroriste.

« Des témoins affirment avoir entendu l’agresseur hurler : “Allahou akbar !” à deux reprises à l’intérieur du sas, mais ils se trouvaient sur la chaussée, à plusieurs mètres de l’endroit », a expliqué une source sur place. D’après plusieurs sources concordantes, il avait consulté des vidéos de propagande islamiste sur son téléphone juste avant l’attaque.

Dans la soirée, une perquisition était en cours à son domicile, dans « un quartier plutôt tranquille de Rambouillet », selon une source policière.

  • Pourquoi le Parquet antiterroriste s’est-il saisi de l’affaire ?

Le Parquet national antiterroriste (PNAT) a annoncé s’être saisi de l’enquête, alors que la France a été marquée, ces dernières années, par plusieurs attaques à l’arme blanche, notamment contre les forces de l’ordre.

Plusieurs éléments ont mené à une saisine du PNAT : « des éléments de repérage », la qualité de la victime – une fonctionnaire de police –, ainsi que les « propos tenus par l’auteur lors de la réalisation des faits », a expliqué le procureur antiterroriste, Jean-François Ricard, lors d’un point de presse.

L’enquête a été confiée conjointement à la direction centrale de la police judiciaire (DCPJ) et à la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI).

De source judiciaire, trois personnes appartenant à l’entourage de l’assaillant ont été placées en garde à vue, vendredi soir. Une perquisition avait, par ailleurs, lieu au domicile d’une personne l’ayant accueilli à son arrivée en France en 2009, selon une source proche de l’enquête, confirmant une information du Point.

  • Dans quel contexte cette attaque intervient-elle ?

Ces dernières années ont été marquées par plusieurs attaques à l’arme blanche en France. Dans ce même département des Yvelines, le professeur de collège Samuel Paty avait été assassiné et décapité par un jeune homme de 18 ans originaire de la république russe de Tchétchénie, en octobre 2020.

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La dernière attaque mortelle contre des forces de l’ordre remonte au 3 octobre 2019, dans l’enceinte de la Préfecture de police de Paris, où un employé radicalisé avait tué à coups de couteau trois policiers et un agent administratif, avant d’être abattu.

Vendredi, le président de la République a rendu hommage sur Twitter à la fonctionnaire de police, assurant que « la nation est aux côtés de sa famille, de ses collègues et des forces de l’ordre ». Emmanuel Macron a assuré que le gouvernement ne cédera rien « contre le terrorisme islamiste ».

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Le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, a, pour sa part, demandé aux préfets de « renforcer la vigilance et les mesures de sécurité dans et aux abords des commissariats de police et brigades de gendarmerie, notamment s’agissant des accueils ».

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