Ce que l’on sait de l’opération de sauvetage du béluga égaré dans la Seine – franceinfo

Il erre dans la Seine depuis une semaine. Coincé entre deux écluses, le béluga égaré dans le fleuve a fini par entrer dans l’écluse de Saint-Pierre-la-Garenne, à 70 km de Paris. Une opération d’extraction du cétacé doit être “tentée dans la soirée”, a annoncé la préfecture de l’Eure, mardi 9 août. 

Comment ce béluga s’est-il égaré dans la Seine ?

Le béluga est une espèce de cétacé protégée qui vit principalement au Canada et dans les eaux arctiques. Il vit habituellement en groupe et se nourrit de poissons et crustacés. Le spécimen repéré dans la Seine s’est visiblement égaré et a remonté la Seine. L’animal est maintenant contenu dans une écluse du barrage de Saint-Pierre-la-Garenne, de 125 mètres sur 24 mètres. “Il arrive à des individus isolés d’errer dans des eaux plus méridionales. Il peut survivre temporairement en eau douce”, explique un communiqué de la préfecture de l’Eure.

Pour l’océanographe François Sarano, interrogé par Ouest-France, il existe parfois chez les cétacés “des individus qui quittent le clan et qui font des escapades plus ou moins longues pour explorer d’autres lieux”. Le scientifique évoque également l’évolution rapide de la position des pôles magnétiques terrestres comme une des causes potentielles de cette désorientation. Selon le chercheur, il est aussi possible que “les modifications des courants marins, influencées par le réchauffement climatique, soient une des causes de son égarement”.

Quel est son état de santé ?

Il mesure environ quatre mètres pour 800 kilos et semble amaigri. Sa situation est inquiétante, car un séjour prolongé dans l’eau de l’écluse, plus chaude et stagnante que son milieu aquatique habituel, peut nuire à son état de santé. Quelques jours après avoir été repéré, l’animal présentait en effet “des altérations cutanées dues à sa présence en eau douce”. Il refuse par ailleurs de s’alimenter. Des vétérinaires ont tenté de lui “administrer des vitamines et des produits susceptibles de lui ouvrir l’appétit”. Sans succès, selon la préfecture de l’Eure.

Mobilisée sur place, l’ONG Sea Shepherd a tenté de proposer à l’animal des harengs morts, puis des truites vivantes. Mais le béluga “ne s’alimente (a priori) toujours pas”, déplore l’ONG sur Twitter. Son état de santé paraît toutefois s’être légèrement amélioré, mardi matin. “Vers 4 heures du matin, il s’est frotté pendant 30 minutes sur les parois de l’écluse et s’est débarrassé des taches qui étaient apparues sur son dos. Les antibiotiques ont également pu aider”, positive l’ONG.

Quelles solutions ont été envisagées pour le sauver ?

Parmi les options envisagées, celle “de l’euthanasie a été écartée”, a déclaré Lamya Essemlali, présidente de Sea Shepherd France. Trois options étaient encore sur la table durant le week-end : une ouverture de l’écluse, le laisser finir sa vie “comme quelqu’un de très malade” ou bien l’extraction, avait listé la sous-préfète d’Evreux.

C’est cette dernière option qui a été retenue. Des équipes du parc Marineland d’Antibes (Alpes-Maritimes), plus grand zoo marin d’Europe, ont été mobilisées, lundi soir. Sea Shepherd a par ailleurs publié un appel aux dons sur les réseaux sociaux pour rassembler le matériel nécessaire à l’opération.

Comment le sauvetage va-t-il s’organiser ?

L’opération s’annonce “hors du commun”, selon Isabelle Brasseur, membre de l’équipe du Marineland d’Antibes. En effet, les berges de la Seine “ne sont pas accessibles aux véhicules” à cet endroit et “tout doit être transporté à la main”, précise la préfecture de l’Eure. Le béluga devrait être capturé dans un filet, puis soulevé par une grue, avant d’être transporté par camion. Cette opération complexe doit être “tentée dans la soirée” mardi, a annoncé la préfecture de l’Eure.

Malgré cette contrainte technique, l’opération devra être la plus rapide possible pour maintenir les chances de survie du cétacé. “Dans l’eau, les cétacés supportent bien leur poids, mais sur terre, la gravité est plus difficile et ça comprime ses organes. Il ne faut pas qu’il reste trop longtemps dans cette position”, explique Gérard Mauger, vice-président du groupe d’études des cétacés du Cotentin (GECC) à France 3 Normandie.

Le béluga a-t-il des chances de rejoindre la mer ?

Les pronostics de réussite de l’opération de sauvetage sont minces. L’écluse où le béluga est retenu est à plus de 130 km de la mer. Avant d’être libéré, “la priorité est de le remettre dans l’eau de mer”, explique Isabelle Brasseur. Le cétacé sera ainsi gardé quelques jours dans un sas à eau de mer, le temps d’être examiné et soigné. En effet, une remise au large précipitée pourrait être mortelle. “Le risque de le remettre en mer directement, c’est qu’il meurt aussitôt et qu’il revienne échoué”, estime Gérard Mauger, pour France 3 Normandie.

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