«Ce n’est plus au doigt mouillé» : désormais, les tendances météo à trois mois sont fiables – Le Parisien

Faut-il croire des prévisions météorologiques annonçant un bel été, ensoleillé et sec… des mois à l’avance ? Oui… en gros. Dans le cas de ces prévisions pour mai, juin, juillet 2021, « les dix, quinze modèles utilisés montrent des scénarios concordants, ce qui n’est pas toujours le cas », relève Pierre Bonnin climatologue chez Météo France. La hausse prévue du mercure « peut s’expliquer par le réchauffement climatique global, alors que l’on prend comme référentiel un échantillon sur les décennies passées », note Pierre Bonnin.

Ainsi 2020 a été l’année la plus chaude en France et parmi les trois plus torrides au niveau du globe. L’été avait été parsemé de canicules, un peu partout dans le pays. Un scénario qui avait été annoncé dès le mois de mai par les prévisionnistes ! Mais cela ne marche pas tout le temps. Ainsi, cette année, pour la Bretagne, la Manche et le Nord, les scientifiques ne se prononcent pas : aucun scénario ne se dégage. On ne devra pas forcément garder chandail et ciré à Brest en juin, simplement les différents modèles donnent « des réponses trop différentes », note Météo France.

Alors, pourquoi ne faut-il plus se moquer des prévisions très en avance ? « Il y a trente ans, on faisait les prévisions saisonnières un peu au doigt mouillé, de manière uniquement statistique, selon le climat moyen de la saison précédente. Cela avait très peu d’intérêt. Et il y a dix ou quinze ans, nos ordinateurs n’étaient tout simplement pas assez puissants pour analyser la masse de données nécessaires aux calculs. D’ailleurs, on avait moins de données », explique de son côté Guillaume Séchet, météorologiste, responsable du site météo-villes.fr, qui publie des prévisions saisonnières basées sur les mêmes données que Météo France.

Impossible d’anticiper de grosses vagues de chaleur

Aujourd’hui, à la louche, poursuit-il, il y a « bien plus d’une chance sur deux » que les prévisions du trimestre se réalisent. Tout est plus fiable… « Mais l’on reste dans les grandes tendances », tempère le météorologue. Ainsi, la France reste « un petit pays » à l’échelle d’un phénomène météorologique. Donc, si ces « grandes tendances » sont fiables à l’échelle d’une saison, elles ne peuvent pas être plus précises, par exemple, pour savoir quelle semaine poser des congés afin d’aller peaufiner son bronzage cet été dans le Sud ou en Charente.

Car la fiabilité sur un tel niveau de détail, particulièrement en Europe tempérée, est « perfectible », glisse de son côté Pierre Bonnin. Impossible aussi d’anticiper, par exemple, de grosses vagues de chaleur, comme la canicule de 2003. « Nos modèles sous-estiment ces phénomènes, qui ne sont pas encore prévisibles », analyse Guillaume Séchet.

Pourtant, selon les spécialistes, l’intérêt de telles prévisions est majeur – et pas forcément, au premier chef, pour savoir où partir en vacances. « Il nous reste encore à comprendre les liens entre de nombreux acteurs du climat », note-t-on chez Météo France, mais ces données restent « exploitables » pour des entreprises qui doivent anticiper leurs besoins en énergie ; ou les besoins en eau pour les forêts déjà épuisées par trois années consécutives de sécheresse, ou bien encore, pour l’agriculture qui peut anticiper des restrictions en eau.

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