« Ce n’est pas un feu de brousse mais une bombe atomique » : en Australie, des milliers de gens fuient les incendies dévastateurs – Le Monde

Des Australiens se réfugient sur une plage de Nouvelle-Galles du Sud pour fuir les incendies, le 5 janvier.

Des Australiens se réfugient sur une plage de Nouvelle-Galles du Sud pour fuir les incendies, le 5 janvier. SAEED KHAN / AFP

Partir ou rester ? Se mettre à l’abri des flammes ou les affronter pour sauver sa propriété ? Dans trois Etats australiens, les autorités avaient appelé, dès jeudi 2 janvier, habitants et touristes à évacuer les zones les plus exposées aux incendies, avant que samedi des températures caniculaires et des vents violents viennent attiser encore davantage les immenses brasiers qui se poursuivaient dimanche, et qui depuis fin août ravagent le pays. Dimanche, les autorités faisaient état de trois morts durant le week-end, ce qui porte le bilan provisoire à vingt-quatre décès.

Des dizaines de milliers de personnes ont répondu à leur demande et se sont mises en route. « Nous avons immédiatement décidé de rentrer chez nous, à Sydney », explique Ric, un ambulancier qui était en vacances chez sa belle-famille à Batemans Bay, à quelque 300 km au sud de la métropole, quand il a entendu l’appel. « Nous sommes partis mais nous avons vécu deux jours d’angoisse car mon beau-père avait choisi de rester pour protéger sa maison. Il avait débroussaillé, rempli des baquets d’eau. Il était prêt à sauter dans sa voiture si la situation devenait incontrôlable. Mais il y a toujours un risque. »

Le jour de la Saint-Sylvestre, toute la famille avait assisté, impuissante, à l’arrivée brutale des flammes à seulement 1,5 km de sa résidence. « Tout d’un coup, l’électricité et les réseaux téléphoniques ont été coupés. Puis le ciel est devenu totalement noir. Et il y a eu ces bruits épouvantables : le rugissement du feu, le sifflement du vent, les hélicoptères. C’était une atmosphère surréaliste, terrifiante », raconte le quadragénaire qui a mis deux jours pour regagner Sydney, à cause des bouchons et des routes fermées.

« Si vous pouvez partir, vous devez partir maintenant »

Dans la Kangaroo Valley, en Nouvelle-Galles du Sud, dimanche 5 janvier.

Dans la Kangaroo Valley, en Nouvelle-Galles du Sud, dimanche 5 janvier. PETER PARKS / AFP

Depuis le 31 décembre, quand les brasiers ont brusquement gagné en intensité dans le sud-est du pays, des milliers d’Australiens relatent, chaque jour, les mêmes scènes de chaos. Le ciel qui disparaît sous un nuage de fumée. Le vent. La chaleur. Les pluies de braises et de cendres qui en quelques minutes enflamment tout. Puis la fuite, avec quelques affaires rassemblées à la va-vite et les animaux domestiques, vers le centre d’évacuation le plus proche ou vers l’eau. « Des gens pleuraient, certains avaient perdu leur maison », se souvient Kim, qui a passé quelques heures sur la plage de Tomakin, non loin de Batemans Bay, avant le réveillon. La jeune femme a surtout eu peur « de mourir », mais elle est rentrée chez elle dès que les flammes se sont éloignées. Vendredi, elle est partie avant que cela se dégrade « pour ne pas revivre le même cauchemar ». D’autres, complètement encerclés, attendaient toujours les secours, samedi, à Mallacoota, dans l’Etat de Victoria, où c’est la marine qui a entrepris d’évacuer les quelque 4 000 personnes réfugiées sur la plage depuis le soir du réveillon.

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