Castaner s’engage à revaloriser la prime de feu, les pompiers mettent fin à huit mois de grève – Le Monde

Lors de la manifestation des pompiers à Paris, le 28 janvier 2020.

Lors de la manifestation des pompiers à Paris, le 28 janvier 2020. Pierre Bouvier pour Le Monde

Les pompiers professionnels ont annoncé, mardi 28 janvier, la fin de huit mois de grève nationale après une journée de manifestation marquée, à Paris, par des heurts avec les forces de l’ordre. L’annonce de l’intersyndicale est intervenue quelques heures après que le ministre de l’intérieur, Christophe Castaner, s’est engagé par écrit à revaloriser leur prime de feu lors d’une rencontre avec quatorze représentants de la profession. Aujourd’hui égale à 19 % du traitement indiciaire des pompiers professionnels, elle devrait être élevée par décret à 25 % avant l’été, selon les informations du Monde confirmées par le ministère de l’intérieur.

Lire notre enquête : « Nous sommes devenus les médecins des pauvres » : les pompiers face à l’évolution du métier

Prévue au même moment, la manifestation des pompiers à Paris s’est déroulée dans une ambiance tendue avec les forces de l’ordre. La Préfecture de police de Paris a rapidement déploré que certains manifestants « portent leur casque et leur tenue de feu », contrairement à des « engagements » pris par les syndicats avant le défilé. « Vu ce que l’on a vécu le 15 octobre à Paris [la manifestation s’était terminée par des heurts avec la police], les gars ont préféré venir en se protégeant, explique William Moreau, secrétaire général de l’UNSA-SDIS dans les Yvelines, quelques minutes après avoir quitté la manifestation. Ce qui ne veut pas dire s’en prendre aux forces de l’ordre, avec qui nous avons d’ailleurs discuté tout au long du parcours, sauf lors de quelques gazages en tête de cortège. » Evoquant des « manifestants violents prenant à partie les forces de l’ordre », la Préfecture de police a fait état de deux interpellations.

« C’est une avancée significative, mais pas majeure »

La revalorisation de la prime de feu constituait une revendication centrale du mouvement des « pompiers en colère », débuté dans de nombreux services départementaux d’incendie et de secours (SDIS) dès le mois de juin 2019 – les pompiers volontaires, moins regroupés syndicalement, ainsi que les pompiers de Paris et de Marseille, au statut de militaires, sont quasiment absents des cortèges. « C’est une avancée significative, mais pas majeure, qui a surtout une forte valeur symbolique », souligne Sébastien Delavoux, représentant CGT-SDIS. Les pompiers professionnels demandaient depuis plusieurs mois que la dangerosité de leur métier soit reconnue au même titre que celle des policiers et des gendarmes.

Lors de la manifestation de pompiers à Paris, le 28 janvier, à Paris.

Lors de la manifestation de pompiers à Paris, le 28 janvier, à Paris. CHARLES PLATIAU / REUTERS

M. Castaner s’est également engagé devant les syndicats à prendre des mesures pour « faire baisser les agressions contre les sapeurs-pompiers », en augmentation constante ces dernières années. Le lancement d’un plan de lutte ou la création d’un observatoire national sont par exemple envisagés, selon le ministère de l’intérieur. La « réduction de la pression opérationnelle, notamment autour du secours à la personne », fait aussi partie des axes de travail évoqués lors de la rencontre place Beauvau, sans que cette intention ne soit détaillée, regrettent les syndicats. Les pompiers professionnels étant majoritairement financés par les collectivités territoriales, les même représentants restent prudents sur la portée des annonces. « On ne veut pas d’une application différenciée, entre un département riche qui accepterait d’augmenter la prime de feu et un département pauvre qui ne le ferait pas », souligne Sébastien Delavoux.

Inquiétude autour des retraites

Peu évoquée lors de la rencontre de mardi, l’évolution du régime des retraites des pompiers professionnels reste l’enjeu central des discussions entre les partenaires sociaux et le gouvernement. Les sapeurs-pompiers bénéficient aujourd’hui d’une annuité supplémentaire tous les cinq ans de carrière correspondant à la prise en compte de la dangerosité de leur métier. Si une dérogation inscrite dans le projet de loi leur assurerait une ouverture des droits possible dès 57 ans dans le système à points, certains représentants s’inquiètent d’une baisse des pensions au moment du départ à la retraite. « Aujourd’hui, personne est capable de nous dire que la majoration prévue recouvre entièrement la perte anticipée des pensions », affirme Sébastien Delavoux.

Lire notre reportage d’octobre 2019 : A Paris, les pompiers ont manifesté dans une ambiance tendue

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