Carglass a intensifié le collaboratif grâce à la crise
Spécialiste du bris de glace et désormais aussi des travaux de maison, Carglass a comme les autres entreprises dû s’adapter à la crise sanitaire. Le télétravail n’était pas cependant une nouveauté. Un accord d’entreprise avait ainsi été signé quelques années auparavant. La pratique n’était pas régulière pour tous les salariés malgré tout.
Comme de multiples sociétés, Carglass comptait des « récalcitrants » au travail à distance. La crise a eu au moins le mérite pour ces derniers d’apporter la démonstration de son efficacité. « La prise de conscience de l’efficacité, et même de la puissance du télétravail, est générale », juge le DSI de l’’entreprise, Didier Roy.
50 % des salariés des call centers en télétravail
Carglass disposait toutefois de certains atouts pour s’adapter au confinement et au changement brutal d’organisation. Pour les applications internes, le réparateur s’appuie classiquement sur un VPN. Il avait en outre déjà déployé pour le collaboratif et la visioconférence la solution Microsoft Teams.
L’entreprise a de plus équipé de nouveaux collaborateurs en ordinateurs portables, notamment au sein de nouveaux métiers, dont l’activité des centres d’appels. Or, confie le DSI, ce métier s’avérait jusqu’à présent peu enclin à la pratique du télétravail. En mai, 50 % du personnel des call centers avaient basculé en travail à distance.
En ce qui concerne les outils logiciels, et en particulier Teams, la solution était déjà disponible. Tous les collaborateurs n’utilisaient pas cependant le service et notamment son volet visioconférence. Le confinement a conduit à la généralisation de son adoption et à l’intensification des usages, observe Didier Roy.
Le directeur des systèmes d’information reconnaît qu’il a fallu mener quelques actions de sensibilisation et d’accompagnement pour favoriser l’utilisation du service cloud. L’entreprise s’est pour cela appuyée notamment sur son groupe support. Elle a également publié des guides relatifs à Teams et à l’usage du VPN à destination des salariés.
« Les réunions sur Teams sont aussi l’occasion de parenthèses de quelques minutes pour expliquer certaines des fonctionnalités. C’est à force d’usage que les salariés sont devenus plus aguerris sur son utilisation », souligne le DSI.
Les outils sont efficaces, mais le management doit évoluer
Le déconfinement et la sortie de crise ne risquent-ils pas cependant de signer un retour aux anciennes habitudes ? Pas chez Carglass. Le télétravail devrait au contraire être pérennisé. Des évolutions devront cependant accompagner une telle mutation. Pour Didier Roy, un tel changement d’organisation appelle une adaptation du management.
La DSI a elle déjà entamé sa transformation. Lors du confinement, elle a ainsi adapté en ligne l’équivalent des stand-up meetings en agile. Cette réunion à distance fait désormais office de rituel à chaque début de journée. « Il y a finalement plus d’échanges qu’en présentiel. C’est en tout cas le constat », apprécie le cadre de Carglass.
Les rituels du développement agile restent à réinventer cependant. La DSI s’intéresse à ce titre aux solutions permettant de générer des post-it virtuels, répliques numériques des post-it utilisés en agile.
Conscient de la crise économique qui s’annonce, Didier Roy appelle néanmoins à saisir cette opportunité pour réinventer la manière de travailler au sein des organisations. Si le télétravail (au domicile) ne peut être généralisé, l’entreprise pourrait s’appuyer sur des espaces de coworking.
Une conséquence cependant : la réduction des mètres carrés des bureaux des sociétés. Plusieurs sources interrogées anticipent d’ailleurs une diminution de la superficie des espaces de travail. Les impératifs d’économies liés à la crise inciteront sans doute les directeurs financiers à envisager un tel scénario. Le secteur de l’immobilier de bureau observe lui déjà des signes de récession.
Technologie et outils numériques ne suffiront pas néanmoins à pérenniser les mutations nées du Covid-19. « Apprendre à utiliser les outils, ce n’est pas tout », prévient Didier Roy. « Il faut redéfinir la manière de manager, mais se poser aussi la question du maintien du lien social » et de l’intégration des nouveaux collaborateurs. Pour lui, le management traditionnel est voué à disparaître du fait même de l’intensification du collaboratif.