Candidature d’Eric Zemmour à la présidentielle : on fait le point sur les procédures judiciaires contre le pol – Franceinfo

C’est la fin d’un suspense qui régnait depuis plusieurs mois. Eric Zemmour a  annoncé, mardi 30 novembre, sa candidature à l’élection présidentielle de 2022. Avec cette déclaration, le polémiste d’extrême droite se lance officiellement sur la scène politique, lui qui s’est d’abord fait connaître auprès du grand public sur les plateaux de télévision.

Ses prises de parole, notamment en tant que chroniqueur, en ont aussi fait un habitué des prétoires. Depuis treize ans, l’homme de 63 ans a accumulé une dizaine de dossiers judiciaires. Certaines procédures sont toujours en cours, d’autres se sont soldées par des condamnations définitives, notamment pour “provocation à la haine raciale”, ou par sa relaxe. Franceinfo récapitule.

Condamné pour “provocation à la haine raciale” et “provocation à la haine religieuse”

En février 2011, le tribunal correctionnel de Paris condamne Eric Zemmour dans deux procédures pour “provocation à la haine raciale”. Il écope de 2 000 euros d’amende avec sursis. Cette condamnation fait suite, d’une part, à des propos tenus le 6 mars 2010, sur le plateau de l’émission de Canal+ “Salut les Terriens”. Eric Zemmour y déclare au sujet des contrôles au faciès : “Mais pourquoi on est contrôlé 17 fois ? Pourquoi ? Parce que la plupart des trafiquants sont noirs et arabes ! C’est comme ça, c’est un fait…” D’autre part, le même jour, sur France Ô, il explique que les employeurs “ont le droit” de refuser des Arabes ou des Noirs. Dans les deux procédures, le tribunal correctionnel relaxe cependant Eric Zemmour du délit de “diffamation publique”, comme l’explique à l’époque Le Monde (article payant). Le polémiste n’a pas fait appel.

En septembre 2019, il est cette fois condamné à 3 000 euros d’amende pour “provocation à la haine religieuse” concernant des propos tenus sur France 5, dans “C à vous”. Il y affirmait, en septembre 2016, que la France subissait “depuis trente ans une invasion”, avec dans certaines banlieues une “lutte pour islamiser un territoire”, et qu’il faudrait donner aux musulmans “le choix entre l’islam et la France”. Après avoir vu son pourvoi en cassation rejeté, Eric Zemmour a saisi la CEDH (Cour européenne des droits de l’homme) en décembre 2019, estimant que la France violait sa liberté d’expression. Au regard de la loi française, sa condamnation est toutefois considérée comme définitive.

Des procédures en cours notamment pour “injure raciste” ou “contestation de crimes contre l’humanité”

La dénonciation du prénom d’Hapsatou Sy. Eric Zemmour est poursuivi par la chroniqueuse Hapsatou Sy, dont il avait qualifié le prénom “d’insulte à la France sur le plateau de “Salut les Terriens”, en septembre 2018. L’animatrice, qui a quitté le groupe Canal+, a porté plainte pour “injure raciste”. Le procès devrait avoir lieu en septembre 2022.

La défense du maréchal Pétain. En 2019, des poursuites ont été engagées contre lui pour “contestation de crimes contre l’humanité”, après ses propos sur le maréchal Pétain qui a, selon lui, “sauvé” les juifs français durant l’Occupation. Eric Zemmour est relaxé en février dernier en première instance. Toutefois, les parties civiles, dont la Licra, ont fait appel de cette décision, et l’audience est fixée au 20 janvier 2022.

Des propos virulents lors de la Convention de la droite. En septembre 2019, lors de la Convention de la droite, organisée par des proches de l’ex-députée d’extrême droite Marion Maréchal, le polémiste prononce un discours virulent. Il y affirme, entre autres, que tous nos problèmes aggravés par l’immigration sont aggravés par l’islam“, qu’une inversion de la colonisation est en cours pour atteindre une extermination de l’homme blanc hétérosexuel catholique. Il est condamné en première instance à une amende de 10 000 euros pour “injure” et “provocation à la haine”, avant d’être relaxé par la cour d’appel de Paris en septembre dernier. Le parquet général et les parties civiles se sont pourvus en cassation.

Une diatribe contre les mineurs isolés. Le 29 septembre 2020, lors d’un débat dans “Face à l’info” sur CNews, Eric Zemmour avait déclaré au sujet des mineurs isolés“Ils n’ont rien à faire ici, ils sont voleurs, ils sont assassins, ils sont violeurs (…). En novembre dernier, Eric Zemmour a été jugé devant le tribunal correctionnel de Paris pour “provocation à la haine” et “injure raciale”. Son avocat a demandé la relaxe. Le parquet a, de son côté, requis 10 000 euros d’amende, avec possibilité d’emprisonnement en cas de non paiement. La décision du tribunal sera rendue le 17 janvier.

Des accusations contre Taha Bouhafs. En novembre 2020, le polémiste qualifie le journaliste Taha Bouhafs de “militant islamiste” sur CNews. Celui-ci porte plainte en février contre Eric Zemmour et la chaîne pour “injure publique”. Selon Arié Alimi, avocat de Taha Bouhafs contacté par franceinfo, l’instruction est en cours.

Relaxé dans plusieurs affaires

Tous les procès n’ont pas débouché sur une condamnation. Eric Zemmour a évité les sanctions dans plusieurs affaires. Dès 2008, il est poursuivi pour “diffamation” par l’ancien président du Conseil représentatif des associations noires (Cran), Patrick Lozès, avant d’être relaxé en juillet 2012. La décision est confirmée en appel en juin 2013.

Par la suite, en 2014, c’est dans le quotidien italien Corriere della Sera qu’Eric Zemmour déclare que les musulmans “ont leur Code civil, c’est le Coran”, et qu’ils “vivent entre eux, dans les banlieues. Les Français ont été obligés de s’en aller.” Il est condamné en première instance en 2015 pour “provocation à la haine” envers les musulmans, avant d’être finalement relaxé en novembre 2018 par la cour d’appel de Paris

En septembre 2015, Eric Zemmour est également relaxé des poursuites pour “incitation à la haine raciale” après ses propos tenus en 2014 sur des bandes” d’étrangers qui dévalisent, violentent ou dépouillent“, sur RTL. En juin 2016, la cour d’appel de Paris confirme la relaxe.

Enfin, en mai 2016, toujours sur RTL, Eric Zemmour accuse Cécile Duflot d’être à l’origine des révélations de Mediapart sur l’affaire Denis Baupin. Le polémiste évoque une “vengeance politicienne” de la part de l’ancienne ministre. Poursuivi pour diffamation, il est finalement relaxé en février 2018, relève France Inter.

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