Canal+ / Netflix : association pour le meilleur et pour le stream

Maxime Saada et Reed Hastings le jour de la signature de l’accord – D.R.

14 septembre 2014 – 16 septembre 2019 : en 5 ans, le trublion de l’audiovisuel a conquis 6 millions d’abonnés en France. Dans le même temps, Canal+ a dû revoir sa copie, à la recherche d’un nouveau souffle pour ne pas perdre la face. Comme le souligne son patron, Maxime Saada, Canal+ est devenu un groupe international avec 12 millions d’abonnés sur un total de 20 millions. En France, Canal+ vient d’annoncer un plan de départs volontaires. Son portefeuille d’abonnés fond à la mesure que celui des plateformes de SVOD augmente. Même si Canal+ annonce qu’il produira 12 séries exclusives en 2020, que la Ligue 1 sera toujours sur ses antennes la prochaine saison, il faut se rendre à l’évidence : Canal+ n’est plus le maître du jeu. Canal doit impérativement muscler et redynamiser son offre pour ne pas être disqualifiée dans les 24 prochains mois. Au risque de pactiser avec ses ennemis d’hier. 

En relisant ce qu’écrivait Cyril Lacarrière dans l’Opinion le jour du lancement de Netlfix en 2014, on constate que des fiancailles entre la chaîne payante et le site de streaming n’étaient pas évidentes : « Burgerflix ? Vous avez dit Burgerflix ? Depuis quelques semaines, les concurrents du site américain s’amusent à distiller l’idée que Netflix ne serait pas le messie attendu, et que ses abonnés seront vite confrontés aux lacunes de l’offre. (…) Conscient que Canal+ vit très mal son arrivée sur le territoire français, Netflix cherche à titiller son principal rival français, évoquant de prochains investissements dans la production de longs-métrages de cinéma. »


Mais les temps changent et Netflix veut verrouiller ses partenariats avant que ses concurrents américains débarquent en Europe. Après avoir signé avec 3 FAI nationaux sur 4, Netflix complète sa distribution comme il l’a fait en Espagne, au Royaume-Uni et aux Etats-Unis à travers un accord avec une chaîne payante. Il y aurait actuellement un million d’abonnés communs à Netflix et à Canal+ selon les dirigeants des deux groupes : si Netflix peut aller en chercher un autre million tandis que Canal+ en recrutera de nouveaux avec son pack à 34,90 euros, tout le monde sera content et la hache de guerre sera temporairement enterrée. Sans oublier que Netflix pourra faire comme avec Sky au Royaume-Uni : casser les prix pour accélérer sa conquête d’abonnés en bundle (proposé à 3 livres en juillet 2019 au lieu de 8,99 livres.)

Sur le papier, tout le monde savoure sa victoire : Netflix qui élargit son bassin de recrutement et Canal+ qui muscle son offre. Reste à savoir si cette offre à 34,90 euros sera suffisante pour décider les svodistes intentionnistes à souscrire un pack aux couleurs de Canal  plutôt que de se contenter d’un simple abonnement à 11,99 euros. 

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