Canada : le dernier suspect des attaques au couteau est mort après son arrestation – Le Monde

La gendarmerie royale du Canada aux abords d’un véhicule volé par le suspect puis accidenté lors de son arrestation dans la province de la Saskatchewan, au Canada. Le 7 septembre 2022.

Le dernier suspect des attaques qui ont fait dix morts et 18 blessés dimanche 4 septembre dans une communauté du centre du Canada a été arrêté mercredi, a annoncé la police, mettant fin à plus de trois jours de traque. « Myles Sanderson a été localisé et placé en garde à vue près de Rosthern, en Saskatchewan, vers 15 h 30 » (23 h 30 heure de Paris), a indiqué la police de la province sur son compte Facebook. Peu après son arrestation, le suspect, se serait suicidé dans des circonstances pas encore établies, selon des médias canadiens. « Peu après son arrestation, Myles Sanderson est entré en détresse médicale », a expliqué à la presse la commissaire adjointe de la Gendarmerie royale du Canada, Rhonda Blackmore sans donner plus d’explication sur ce malaise. « Il a été déclaré mort à l’hôpital », a-t-elle ajouté. Une enquête est ouverte pour déterminer le contexte de son décès, une autopsie sera prochainement pratiquée.

« Il n’y a plus de risque pour la sécurité publique lié à cette enquête », avait communiqué la police de la province en profitant pour remercier les habitants qui ont fourni des « renseignements pertinents ». Connu des services de police et de la justice pour de multiples faits de violence, des vols, Myles Sanderson était déjà recherché depuis mai dernier pour ne pas avoir respecté son contrôle judiciaire.

Myles Sanderson a été arrêté près de l’autoroute 11 à Weldon dans la province de la Saskatchewan le 7 septembre 2022.

Lundi, le corps de son frère, Damien Sanderson, soupçonné d’être son complice, a été retrouvé, lardé de plusieurs coups de couteau à proximité du lieu des crimes. Les circonstances de sa mort restent à éclaircir, mais il pourrait avoir été tué par son frère, selon la police, qui avait étendu la zone de recherche à toute la province de la Saskatchewan, vaste territoire rural fait d’immenses prairies.

Des « actes horribles et insensés »

Mercredi, les autorités ont révélé l’identité des personnes tuées. Neuf sur dix sont issues de la communauté autochtone de James Smith Cree Nation, le dixième vient, lui, du village voisin de Weldon. D’après la police, certaines victimes ont été ciblées quand d’autres ont été frappées au hasard.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Attaques meurtrières au Canada : la police recherche toujours l’un des suspects

Il s’agit d’hommes et de femmes âgés de 23 à 78 ans. Parmi les blessés, il y a un « jeune adolescent » et dix-sept adultes, a ajouté la police fédérale. Avant que ne soit annoncée l’arrestation du suspect, certaines familles ont pour la première fois pris la parole publiquement pour raconter leur « cauchemar ». « C’est un moment difficile pour nos familles », a confié Mark Arcand à la presse, évoquant des « actes horribles et insensés ». Sa sœur Bonnie Burns, 48 ans, et son neveu Grégory Burns, 28 ans, figurent parmi les victimes.

« Bonnie faisait toujours passer les autres avant elle, a-t-il raconté, très ému. Elle faisait tout son possible pour subvenir aux besoins de sa famille. Sa maison était remplie d’amour et d’attention. »

« Une zone de guerre »

M. Arcand s’est aussi interrogé aussi sur le déroulé des attaques. « Comment cela est-il arrivé ? Pourquoi est-ce arrivé ? Nous ne savons pas vraiment ce qui s’est passé. Nous n’avons pas de réponses. » Jusqu’ici, les proches avaient choisi de s’exprimer presque uniquement sur les réseaux sociaux, demandant aux médias de rester à l’écart de leur communauté qui compte seulement 3 400 personnes.

Mark Arcand avec le portrait de sa sœur, Bonnie Burns, tuée dans l’attaque au couteau. A Saskatoon dans la province de la Saskatchewan au Canada, le 7 septembre 2022.

« J’ai perdu beaucoup de membres de ma famille, il y avait des corps partout sur le sol, certains décédés et plusieurs autres avec de graves blessures au couteau et des saignements », a ainsi décrit Michael Brett Burns sur Facebook. « C’était une zone de guerre. Dans leurs yeux, on pouvait voir la douleur et la souffrance de ceux qui ont été agressés », a-t-il ajouté.

Lire aussi (2021) : Article réservé à nos abonnés Au Canada, un plan de 28 milliards d’euros pour réparer les torts subis par les peuples autochtones

Dans un autre message, Dillon Burns a raconté que sa mère Gloria était morte « en protégeant un jeune homme alors qu’il était attaqué », ajoutant qu’« elle aurait fait la même chose pour chacun d’entre nous…[même] pour l’homme qui lui a ôté la vie ».

Chômage et pauvreté

Au Canada, les autochtones représentent environ 5 % des 38 millions d’habitants, et vivent dans des communautés souvent ravagées par le chômage et la pauvreté. Ils sont aussi plus souvent victimes d’homicides. Dix patients étaient toujours hospitalisés et trois restaient dans un état critique, selon les autorités sanitaires.

Conférence de presse de la tribu autochtone James Smith Cree Nation, à Saskatoon dans la province de la Saskatchewan, au Canada, le 7 septembre 2022.

Ces dernières années, le Canada a vécu une succession d’événements d’une violence rare pour le pays. En avril 2020, un tireur s’étant fait passer pour un policier avait tué 22 personnes en Nouvelle-Ecosse. En janvier 2017, six personnes avaient péri et cinq ont été blessées dans des attaques contre une mosquée de Québec.

Le Monde avec AFP

Leave a Reply

Discover more from Ultimatepocket

Subscribe now to keep reading and get access to the full archive.

Continue reading