Ça chauffe pour les mineurs de Bitcoin

Comme d’autres crypto-monnaies, le Bitcoin repose sur un système informatique qui a besoin d’une multitude de machines pour pouvoir y reposer sa blockchain, la sécuriser, et créer de la monnaie. L’activité, plus communément appelée « minage », rémunère les différents parcs d’ordinateurs, que les mineurs soient en solitaire ou regroupés sous la forme de coopératives.

Ils sont rapidement devenus des dizaines de milliers à installer leurs processeurs pour vérifier des ensembles de transactions regroupées sous le terme de « bloc ». Pour le réseau Bitcoin, un bloc est constitué toutes les dix minutes dans le monde. Il est donc préférable d’avoir des machines puissantes pour être compétitif et pouvoir « miner » efficacement. En Chine, dans la province de Sichuan, plus de 60 % de la puissance de calcul du réseau Bitcoin mondial est établi.

Cette disproportion chinoise s’explique très facilement. Pour pouvoir miner et gagner de l’argent, le coût de l’électricité est rapidement devenu une limite. Cette région chinoise, qui dispose d’un parc de barrages hydroélectriques conséquent et d’une production électrique suffisante, a rapidement saisi l’opportunité pour faire baisser les prix du kilowattheure et espérer attirer le plus de mineurs de Bitcoin.

Ailleurs, ils sont nombreux à avoir choisi les pays froids. Même si l’électricité peut y être plus chère, ces derniers ont pris le problème sous un autre angle : pour pouvoir réduire les factures, autant réduire celle de la climatisation. En raison de la puissance de calcul et donc de l’énergie utilisée par les ordinateurs, la chaleur dégagée peut rapidement devenir un coût pour s’en débarrasser. À moins que…

L’hiver, se chauffer au Bitcoin

Dans un récent article du Wall Street Journal, l’activité de minage de Bitcoin a pris une toute autre tournure avec le portrait de différents individus ayant fait le choix d’installer leurs machines chez eux. En plein hiver, ils racontaient tour à tour comment leur installation leur permettait de réduire la facture de chauffage, en remplaçant leurs cheminées, poils, ou système électrique par la chaleur dégagée par les processeurs.

À chacun son originalité. En plus de chauffer leur maison, les plus gros mineurs contactés par le journal new-yorkais expliquaient leur dernière trouvaille pour pouvoir alimenter leur serre, voire leur poulailler en chauffage. Un moyen de montrer au grand public l’un des aspects des crypto-monnaies resté sombre, ou vivement critiqué pour sa dépense en énergie. Dans le monde, la simple activité de minage pour le Bitcoin correspondrait à la consommation d’électricité de la Suisse…

Thomas Smith mineur Bitcoin poulailler

© Thomas Smith / DE GADO

Le sujet n’est pas nouveau, loin de là. Depuis quelques années, ils sont des dizaines à nourrir les forums, des blogs, et publier des vidéos tutoriel pour expliquer comment leur facture d’électricité fut compensée par l’installation de quelques processeurs pour miner. Maintenant, en vue du processus de plus en plus complexe du réseau Bitcoin pour arriver à résoudre des blocs, le matériel nécessaire est de plus en plus puissant. Au minimum, un particulier devra s’équiper d’un ordinateur optimisé comme il l’est généralement trouvé sous la gamme “Asic”.

Imaginer le chauffage de demain

En France, l’idée d’allier chauffage avec une activité rémunératrice avait inspiré les entrepreneurs de la startup « Qarnot Computing ». Née en 2010, l’entreprise s’était lancée avec le but de « valoriser la chaleur fatale informatique », en profitant par exemple des data center pour récupérer la chaleur générée et alimenter des habitations en chauffage. Avec l’arrivée du minage de Bitcoin, l’idée leur était venue, il y a trois ans, de lancer un chauffage 2 en 1 doté de deux cartes graphiques pour pouvoir à la fois chauffer une pièce et miner du Bitcoin.

Avec le temps, la difficulté de miner cette crypto-monnaie a augmenté, mais le produit de Qarnot Computing leur avait valu plusieurs prix lors du CES de Las Vegas 2018. Depuis, l’entreprise poursuit son activité et avait même réussi à lever 6 millions de dollars en mars 2020, pour aller chercher à attirer de nouveaux clients dans les domaines de la simulation numérique et de l’intelligence artificielle.

Qarnot computing Bitcoin

Le chauffage 2 en 1 de la startup française Quarnot, en 2018 © Qarnot Computing

Pour avoir un retour d’expérience détaillé et expliqué, d’un particulier qui avait souhaité réduire sa note de chauffage en misant sur le minage de Bitcoin, on peut toujours trouver cet article de Thomas Smith, publié sur la plateforme Medium. L’homme y expliquait comment il avait dépensé 450 $ pour préparer une machine dotée d’une carte graphique NVIDIA 1070, et commencer à réduire sa facture. Un guide complet expliquant les différents coûts à prendre en compte.

Deux ans plus tard, ce même Thomas Smith tient toujours son activité dans la cryptographie. Il tenait à en partager encore l’expérience, mais à plus grande échelle cette fois-ci, et faisait partie de ces mineurs parmi les personnes contactées par le Wall Street Journal cette semaine. Poulailler, serres avec culture de tomates… sans surprise, les installations montrées dans le reportage venaient de chez lui. Une consécration, pour ce mineur déjà convaincu il y a deux ans qu’associer « la cryptographie à l’énergie solaire ou à d’autres énergies renouvelables, puis utiliser la chaleur résiduelle à des fins productives, est le meilleur moyen de s’engager sur une voie plus verte pour l’industrie dans son ensemble ». 

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