
Brexit : « Une nouvelle aube » pour la « petite île » : la presse britannique entre enthousiasme et appréhension – Le Monde
« Oui, on l’a fait ! », proclame le Daily Express, un tabloïd qui a fait ardemment campagne pour la séparation. A quelques heures du divorce officiel entre le Royaume-Uni et l’Union européenne, les titres de la presse britannique reflètent, vendredi 31 janvier, l’enthousiasme des partisans du Brexit comme l’appréhension de ceux qui voulaient rester dans l’Union européenne. Pour la dernière fois, les Britanniques se sont réveillés en étant citoyens de l’Union européenne.
Le titre du Daily Express surmonte une carte du Royaume-Uni formée de « unes » du journal parues pendant les quarante-trois mois qui se sont écoulés depuis le référendum de juin 2016. Cette période a vu arriver et passer trois dates limites pour le Brexit, avant que le Parlement britannique ratifie finalement l’accord de divorce.

« Une nouvelle aube pour la Grande-Bretagne », titre un autre tabloïd pro-Brexit, le Daily Mail. « A 11 heures ce soir, notre fière nation quitte finalement l’UE – toujours amie avec l’Europe, mais libre et de nouveau indépendante après quarante-sept ans. »

Le quotidien de gauche The Guardian exprime sa préférence pro-UE, titrant « Petite île » et décrivant le Brexit comme « le plus grand pari depuis une génération ».

Le Times publie sur sa « une » un article de Boris Johnson dans lequel le premier ministre pro-Brexit développe ses idées sur l’accord de libre-échange qu’il souhaite à présent conclure avec l’UE, sur le modèle d’un récent accord entre le bloc européen et le Canada. « Le premier ministre veut un accord commercial avec Bruxelles dans le genre de celui qui a été conclu avec le Canada », écrit le Times.

Pour le Financial Times, « la Grande-Bretagne tire sa révérence et quitte l’UE avec un mélange d’optimisme et de regret ».

« Ç’a été un sacré voyage », titre City AM, un journal gratuit destiné aux entreprises, au-dessus d’un dessin représentant un petit train de montagnes russes transportant les principaux acteurs de la saga du Brexit. Parmi eux, une Angela Merkel à la mine sombre et un Nigel Farage jubilant et brandissant un verre de bière. Chef du parti anti-UE UKIP puis du Brexit Party, M. Farage a été l’un des adversaires les plus actifs de l’Union européenne.

Le tabloïd conservateur The Sun, fervent partisan du « leave », ne cache pas son enthousiasme. « Notre heure est arrivée », titre le journal britannique le plus lu en Grande-Bretagne. « Aujourd’hui à 23 heures, après trente ans de résistance, le grand peuple du Royaume-Uni aura enfin réussi à obtenir le Brexit », lit-on aussi sur la page d’accueil de son site Internet.

« Ce n’est pas une fin mais un commencement », proclame le Daily Telegraph, publiant des déclarations faites par Boris Johnson avant un conseil des ministres qui se tient vendredi à Sunderland, ville du nord-est de l’Angleterre où les électeurs ont voté massivement pour le Brexit.

« Aujourd’hui, les Britanniques quittent les Européens. Est-il inévitable que nous les rejoignions un jour ? », interroge en « une » The Independent.

En Ecosse, où les électeurs étaient majoritairement favorables au maintien dans l’UE, la tonalité est bien différente. Le Scotsman, quotidien d’Edimbourg, titre amèrement « Adieu, pas au revoir », et décline le mot « Adieu » dans vingt-quatre langues européennes.

Le Daily Record n’est pas plus optimiste, résumant ainsi la situation post-Brexit : « Floués : isolés, moins prospères, plus faibles et divisés. »

Le tabloïd anglais Daily Star n’a pas résisté à une plaisanterie. « Ce soir sera un vrai MOMENT HISTORIQUE pour notre grande nation », clame le quotidien. « Oui, c’est la fin du Dry January ! », le mois de janvier sans alcool, une pratique de plus en plus populaire chez les Britanniques qui ont abusé de la boisson en décembre.

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