Brexit : Paris espère l’annonce d’un accord «ce soir» – Le Figaro

L’Europe va-t-elle enfin sortir de l’impasse ce 15 octobre, à deux semaines seulement de la date prévue pour le Brexit ? La France a salué, ce mardi, un «élan positif» dans les négociations entre l’Union Européenne et Londres. Elle «espère un accord d’ici ce soir», soit deux jours avant le Conseil européen de jeudi et vendredi, a indiqué la présidence française.

«Il y a une possibilité d’accord, c’est reconnu par tous. Nous espérons un accord mais nous ne savons pas encore» s’il aboutira, a expliqué un conseiller de l’Élysée. Selon lui, le négociateur de l’Union Européenne Michel Barnier est «raisonnablement optimiste».

Quels sont les scénarios envisagés ?

Ce dernier a déclaré aux Vingt-Sept qu’il envisageait trois scénarios au sujet du Brexit : un accord avec Londres ce soir, un nouveau report de la date de départ du Royaume-Uni de l’Union européenne ou une «rupture» des négociations, a appris Reuters auprès de diplomates européens.

Michel Barnier, négociateur en chef du Brexit, ce mardi 15 octobre à Luxembourg. John THYS / AFP

«Même si ce sera de plus en plus difficile, un accord est encore possible cette semaine», a assuré ce dernier à son arrivée à Luxembourg pour informer les ministres de l’état d’avancement des discussions avec les Britanniques. «Mais si on veut un accord pour le sommet, il faut qu’un texte juridique soit finalisé ce soir ou au plus tard demain matin», a-t-il expliqué aux ministres de l’UE. Faute de quoi il se prononcera probablement pour la poursuite des discussions après le sommet, a-t-on précisé à l’AFP.

«Il est évident que tout accord doit fonctionner pour tout le monde: l’ensemble du Royaume-Uni et l’ensemble de l’Union européenne. Permettez-moi d’ajouter qu’il est grand temps de transformer les bonnes intentions en texte juridique», a insisté le négociateur. Plus tôt dans la journée, il avait estimé les propositions britanniques insuffisantes.

Sur quels sujets portent les discussions du moment ?

Les discussions en cours se concentrent sur deux points de désaccord: la manière d’éviter le retour d’une frontière entre l’Irlande, membre de l’UE, et l’Irlande du Nord, partie du Royaume-Uni, tout en réalisant des contrôles douaniers ; et le droit de regard accordé aux autorités d’Irlande du Nord sur l’accord de divorce. Michel Barnier a également évoqué les moyens de faire respecter une concurrence équitable, selon Reuters.

Dans la proposition de Londres, l’Irlande du Nord reste dans le territoire douanier du Royaume-Uni tout en appliquant les règles européennes pour les produits destinés à l’UE, a indiqué une source européenne.

Quelles réactions?

L’annonce d’avancées est à la fois un soulagement et une source de préoccupation pour les partenaires européens du Royaume-Uni. Angela Merkel a estimé ce mardi que la Grande-Bretagne, après le Brexit, deviendrait «un nouveau concurrent devant la porte de l’Europe» : «L’Union européenne sera ainsi encore plus mise au défi d’être compétitive et d’assumer sa responsabilité géopolitique», a-t-elle affirmé lors d’un discours devant des représentants de l’industrie.

Angela Merkel ce mardi lors d’un discours devant des représentants de l’industrie. REUTERS/Michele Tantussi

«Nous devons nous assurer (…) qu’il n’y aura pas demain de concurrence déloyale parce qu’un pays ne mettrait pas en place des contrôles notamment réglementaires nécessaires», a expliqué la secrétaire d’Etat française chargée des Affaires européennes Amélie de Montchalin.

«J’espère qu’un accord sera trouvé, mais pour les Pays-Bas, il est extrêmement important qu’il n’y ait pas de concurrence déloyale depuis l’extérieur de l’UE en utilisant la frontière irlando-(nord-)irlandaise. Le Royaume-Uni a pris certaines mesures, mais pas assez pour garantir l’intégrité du marché commun», a averti le chef de la diplomatie néerlandaise Stef Blok.

Selon le premier ministre finlandais Antti Rinne, les négociations pourraient se poursuivre après le sommet européen. «A mon avis, il nous est pratiquement impossible de parvenir à un accord avant la réunion. Nous avons besoin de plus de temps et de négocier après la réunion», a-t-il plaidé, cité par l’agence de presse STT. Ainsi circule l’hypothèse d’un sommet supplémentaire d’ici au 31 octobre, jour prévu du départ du Royaume-Uni. «S’il n’est pas possible de conclure pour le sommet de jeudi, alors nous verrons», a commenté le chef de la diplomatie belge Didier Reynders.

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