Brexit : l’opposition refuse la tenue d’élections anticipées trop prématurées – Le Monde

Les partis de l’opposition se disent favorables à la tenue d’élections, mais pas aux conditions fixées par le premier ministre Boris Johnson.

Le Monde avec AFP et Reuters Publié aujourd’hui à 14h57, mis à jour à 16h20

Temps de Lecture 3 min.

Le premier ministre britannique, Boris Johnson, le 5 septembre.

Le bras de fer entre l’opposition et Boris Johnson va se poursuivre la semaine prochaine. Après un premier échec mercredi, le gouvernement devrait de nouveau soumettre, lundi soir, au vote des députés une motion pour obtenir la tenue d’élections anticipées le 15 octobre. Mais l’initiative semble encore une fois vouée à l’échec : le Parti travailliste a fait savoir vendredi 6 septembre qu’il ne voterait pas cette motion, qui doit réunir les deux tiers des voix des députés (soit 434 voix) pour être adoptée. Le Labour représentant à lui seul 247 des 650 élus, sans les voix de ses députés, le seuil de 434 est hors de portée pour le premier ministre britannique.

Les 35 élus du Parti national écossais (SNP) feront de même, a annoncé leur leader à Westminster, Ian Blackford, au micro de la BBC. A l’instar des autres formations de l’opposition, le SNP est favorable à un scrutin anticipé, mais pas aux conditions fixées par Johnson. « Nous aurons ces élections quand le moment sera opportun mais je vais vous faire cette promesse : nous n’aurons pas à attendre longtemps », a-t-il dit.

« Mort dans un fossé »

Les partis d’opposition redoutent que des élections à la mi-octobre puissent permettre à Boris Johnson de réussir à faire sortir le Royaume-Uni de l’UE sans accord. Ils veulent d’abord que leur proposition de loi visant à empêcher un Brexit sans accord le 31 octobre ait été définitivement adoptée.

Jeudi, Boris Johnson – qui répète depuis son arrivée à Downing Street que le Royaume-Uni sortira quoi qu’il arrive de l’Union européenne le 31 octobre – a affirmé qu’il préférerait être « mort dans un fossé », plutôt que de demander un nouveau report du Brexit à l’UE.

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La semaine a été infernale pour Boris Johnson qui a perdu sa majorité et vu un texte adopté pour l’obliger à demander un report du Brexit en cas d’échec à trouver un accord de sortie avant le 19 octobre. Un sommet européen – qui pourrait être la dernière chance pour Londres de conclure un accord avec l’Union européenne – est programmé les 17 et 18 octobre à Bruxelles.

Mais pour le premier ministre finlandais Antti Rinne – dont le pays assure la présidence tournante de l’UE –, la possibilité d’un compromis avec Londres en faveur d’une sortie organisée du Royaume-Uni de l’Union « ne semble maintenant pas possible ». « Nous ne savons pas ce qui se passe là-bas. Il semble tout à fait évident que nous ne parviendrons pas à un accord de Brexit », a déclaré M. Rinne aux journalistes après une réunion avec le président du Parlement européen, David Sassoli, à Helsinki.

Au Royaume-Uni, la Chambre des lords devrait en principe achever l’examen du texte sur le report du Brexit vendredi soir et la législation entrer en vigueur dès lundi après approbation de la reine. Boris Johnson a pourtant affirmé jeudi qu’il préférait « être mort au fond d’un fossé » plutôt que de demander un report du Brexit. Il mise sur des élections anticipées pour récupérer la majorité qu’il a perdue cette semaine aux Communes, et pouvoir sortir coûte que coûte de l’UE, avec ou sans accord, le 31 octobre.

Petit répit

Boris Johnson a toutefois obtenu un nouveau répit de la justice britannique : vendredi, la Haute Cour de justice à Londres a donc rejeté une demande d’annuler la suspension du Parlement, décidée par le chef du gouvernement. L’action en justice avait été intentée par Gina Miller, femme d’affaires et militante anti-Brexit, et soutenue par l’ancien premier ministre conservateur, John Major.

Un juge écossais avait déjà opposé cette semaine un refus similaire. Dans les deux affaires, les plaignants ont annoncé leur intention de faire appel. « Mon équipe et moi n’abandonnerons pas le combat pour la démocratie », a déclaré à la presse, à l’issue de l’audience, Mme Miller, qui avait déjà remporté une victoire judiciaire à propos du Brexit en 2017. « Abandonner maintenant serait manquer à notre devoir », a-t-elle poursuivi, estimant se battre pour « les futures générations ».

Décriée comme une manœuvre pour précipiter le pays vers un Brexit sans accord, cette suspension du Parlement pour cinq semaines jusqu’au 14 octobre a provoqué la fureur de l’opposition, mais aussi de députés conservateurs.

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