Brexit : le “speaker” de la Chambre des communes, John Bercow, tire sa révérence – RTBF

Le président de la Chambre des communes, John Bercow, qui a annoncé lundi sa prochaine démission, a joué un rôle clé dans le feuilleton du Brexit, avec des interventions souvent cinglantes et des décisions parfois critiquées.

Personnalité incontournable de la scène parlementaire, John Bercow, 56 ans, considéré comme plutôt favorable au camp anti-Brexit, a déclaré qu’il abandonnerait ses fonctions au plus tard le 31 octobre, la date prévue du divorce avec l’UE.

Ces derniers mois, le “speaker” a été régulièrement accusé de partialité, les partisans du Brexit lui reprochant de jouer avec les règles parlementaires à leur détriment, malgré une fonction lui imposant de rester neutre.

Fin août, il avait qualifié de “scandale constitutionnel” la décision du Premier ministre Boris Johnson de suspendre le Parlement dans la dernière ligne droite avec le Brexit.

Avant la mise en oeuvre de cette suspension lundi, il a autorisé les députés à organiser un débat en urgence qui leur a permis au final d’adopter une loi contrariant le projet du dirigeant de sortir de l’UE même sans compromis de divorce.

En mars, John Bercow avait pris de court l’exécutif alors dirigé par Theresa May en refusant un nouveau vote sur l’accord de Brexit négocié avec l’UE mais déjà rejeté par les députés.

Début janvier, contre l’usage, il avait décidé de soumettre au vote un amendement au projet de Brexit du gouvernement. Son initiative, qui réduisait les marges de manœuvre du gouvernement au bénéfice des parlementaires, avait été jugée favorable au camp pro-UE par le camp eurosceptique.

S’il a avancé des raisons familiales comme prétexte de son départ, M. Bercow a également très clairement averti: “On dégrade ce Parlement à notre propre péril“.

Order!

Du haut de son 1m68, M. Bercow, un conservateur issu d’un milieu modeste, a été une épine dans le pied des gouvernements tory successifs. David Cameron, le prédécesseur de Theresa May, avait même tenté de l’évincer, en vain.

Avec sa robe de soie noire et ses cravates criardes, il lui revenait le privilège de diriger les débats, à coup de rappels à l’ordre (“Order !“) tonitruants et de répliques truculentes. Surtout, son interprétation personnelle — et libérale — de ses attributions lui ont conféré un rôle plus décisif que celui de ses prédécesseurs.

Les larmes aux yeux, il a évoqué lundi “un endroit merveilleux, rempli très largement de gens motivés par leur notion de l’intérêt national, leur perception du bien commun et leur sens du devoir, non comme de simples délégués mais comme des représentants chargés de faire ce qu’ils croient bon pour notre pays“.

Avant de susciter des critiques pour sa gestion des échanges sur le Brexit, il s’était attiré des reproches des bancs conservateurs pour s’être positionné contre une prise de parole de Donald Trump au parlement lors de la visite du président américain au Royaume-Uni en 2018.

Né le 19 janvier 1963, John Bercow a grandi dans le nord de Londres. Son père était chauffeur de taxi.

Il commence à s’engager en politique à l’université puis devient conseiller municipal du quartier londonien de Lambeth à 23 ans. En 1997, il est élu député pour la première fois, dans la circonscription de Buckingham, dans le nord-ouest de la capitale.

Ma femme ne m’appartient pas

En 2009, il accède à la présidence de la Chambre des communes sous un gouvernement travailliste, en promettant de rompre avec les pratiques de son prédécesseur, impliqué dans un scandale de notes de frais et contraint de démissionner. Arrivés au pouvoir en 2010, les conservateurs l’y maintiennent.

Plus jeune titulaire de cette prestigieuse fonction, à 46 ans, John Bercow s’est employé à la dépoussiérer, abandonnant certains éléments de la tenue traditionnelle comme la perruque. En juin 2017, il permet aux députés de siéger sans cravate.

Peu de temps après son arrivée sur le fauteuil vert du Speaker, placé entre les bancs de la majorité et de l’opposition qui se font face, il provoquait cependant une polémique en réclamant des milliers de livres pour rénover son appartement de fonction au parlement afin d’y accueillir ses trois enfants.

Son épouse, Sally Bercow, a elle aussi fait les gros titres de la presse, pour des raisons souvent éloignées de la politique: elle a notamment posé seulement vêtue d’un drap blanc pour un magazine, participé à un programme de télé-réalité, et entretenu une relation extra-conjugale avec le cousin de son mari.

Surtout, elle s’est présentée en 2010 à une élection locale sous l’étiquette du Parti travailliste, principal adversaire politique de la formation d’origine de son mari. Ce dernier avait néanmoins pris sa défense, expliquant: “Ma femme ne m’appartient pas, c’est seulement ma femme“.

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