Brexit : la presse britannique divisée entre exaspération et espoir d’éviter un « no deal » – Le Monde

Au lendemain d’un coup de théâtre qui a vu Boris Johnson mis en difficulté par la Chambre des communes, la presse hésite entre le respect du vote populaire et le désir d’éviter un divorce sans accord.

Publié aujourd’hui à 15h30, mis à jour à 16h01

Temps de Lecture 2 min.

Au lendemain de la défaite de Boris Johnson, la presse britannique est divisée sur les événements.

L’espoir d’une partie des Britanniques d’entériner le Brexit, qui domine l’actualité outre-Manche depuis désormais trois ans, s’est une fois de plus envolé samedi 19 octobre, après une journée riche à la Chambre des communes.

Lire aussi Brexit : les deux lettres adressées par Boris Johnson aux Européens

L’accord trouvé entre Boris Johnson et les Européens n’a pas été mis au vote, au grand dam du premier ministre, défait par les députés comme Theresa May l’a été trois fois avant lui. La faute à Oliver Letwin, un député ex-conservateur et à son amendement (adopté avec 322 voix pour, 306 voix contre) qui suspend l’approbation de l’accord tant que toutes les lois d’application nécessaires ne sont pas votées. Une « police d’assurance » assure M. Letwin, contre un « no deal » accidentel. Une situation résumée par le Sunday Mail, un journal écossais, pour qui Letwin (ici « Ollie ») met Boris Johnson dans un « beau bordel ».

Letwin a beau assurer qu’il est favorable à cet accord et que sa volonté était de s’assurer que le pays sorte proprement de l’Union européenne, le Mail on Sunday a regretté l’absence d’un vote de fond sur l’accord, insistant comme le gouvernement sur la nécessité d’aller de l’avant pour « panser ses plaies ».

Même son de cloche du côté du Sunday Express, pour qui la réaction des élus de la Chambre des communes est incompréhensible, et parle d’un « jour dramatique » lors duquel « les députés ont défié le public en rejetant l’accord sur le Brexit ». Le tabloïd anglais cible particulièrement l’attitude des travaillistes de Jeremy Corbin, coupables de rejeter le Brexit pour « garder le Royaume-Uni dans l’Union européenne pendant des années ». Le journal pro-Brexit se fait notamment l’écho des craintes sur l’économie britannique nourries par l’« incertitude » liée au Brexit.

Au nord du mur d’Hadrien, le Scotland on Sunday titre sur l’esquive du premier ministre, à la fois « vaincu » mais « défiant » le vote des députés en envoyant à Bruxelles deux lettres contradictoires, une que la loi lui impose d’envoyer mais qu’il n’a pas signée, l’autre pour demander à ses homologues européens de ne pas accepter de délai supplémentaire pour le Brexit. Et le journal de souligner, malgré la défaite politique interne : « Peu l’ont cru lorsqu’il a déclaré qu’il pourrait rouvrir les négociations avec l’UE, et encore moins ont cru qu’il abandonnerait le backstop irlandais. »

Pour The Observer, journal du dimanche du groupe du Guardian, comme pour une partie de la presse anglaise europhile, l’adoption de l’amendement Letwin est en revanche une « humiliation » pour M. Johnson, qui lui reconnaît « peu d’habileté » pour être retourné à Bruxelles et revenir avec « un accord encore pire que celui de Theresa May ».

The Independent a pour sa part choisi de mettre l’accent sur le presque million de manifestants descendus dans les rues londoniennes pour demander à ce que le dernier mot du Brexit soit donné par le peuple, via un second référendum. Le journal, qui estime l’amendement Letwin « judicieux », note également la « double humiliation » pour le premier ministre, qui fait face à de possibles poursuites judiciaires pour avoir ouvertement contredit sa demande de prolongation de l’échéance aux leaders européens.

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