« Bourde », « désastre », « blague »… La presse américaine critique à l’égard du discours de Joe Biden sur le retrait d’Afghanistan – Le Monde

Le président américain, Joe Biden, lors de son discours à la nation concernant la situation en Afghanistan, alors que des traders travaillent dans la salle des marchés de la Bourse de New York, le 17 août 2021.

« Un désastre », « une défense provocante », « un président sur la défensive ». L’allocution du président des Etats-Unis, Joe Biden, qui a tenté de justifier pendant une vingtaine de minutes le retrait des troupes américaines d’Afghanistan, a suscité de nombreux commentaires de la presse américaine. « Après vingt ans, j’ai appris à contrecœur qu’il n’y avait jamais de bon moment pour retirer les forces américaines », a déclaré le président lors d’une adresse à la nation très attendue en raison de son silence durant le week-end.

Réellement ébranlé pour la première fois depuis son élection, M. Biden a confirmé le retrait des troupes, au plus tard au 31 août, en confiant le sort du pays à un gouvernement et des soldats afghans, aujourd’hui en pleine déroute.

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Pratiquement tous les médias américains, y compris ceux qui avaient accueilli avec soulagement son élection, parlent de « désastre », à l’instar de la chaîne CNN, ou d’une « défense provocante », comme le Boston Globe, quand le Washington Post décrit un Joe Biden « sur la défensive ».

La « une » du « Boston Globe », mardi 17 août.

« Une bourde »

Dans son éditorial, le Washington Post revient sur les différentes « bévues » du président américain, dénonçant un départ « bâclé » des forces américaines, qui a conduit aux images désastreuses du chaos à l’aéroport de Kaboul, où plusieurs personnes sont mortes en tentant de s’accrocher aux avions militaires au décollage. « Le retrait n’aurait pas dû dégénérer en un spectacle catastrophique », écrit le journal libéral, selon lequel « le président aurait pu écouter les nombreux avis éclairés de ses conseillers ».

« Que l’on trouve cela juste ou injuste, l’histoire retiendra que Joe Biden est celui qui a présidé à la conclusion humiliante de l’expérience américaine en Afghanistan » après vingt années de guerre, a asséné lundi le New York Times, regrettant la posture du président lors de son allocution. « Joe Biden a passé beaucoup plus de temps à défendre sa décision de quitter l’Afghanistan plutôt que de revenir sur la manière chaotique avec laquelle ce départ s’est déroulé », poursuit le quotidien.

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Sur cette même ligne, le Los Angeles Times déplore que le président « n’ait pas assumé ses responsabilités », face à ce retrait désastreux des troupes américaines.

Le « Los Angeles Times » du mardi 17 août.

Dans une lettre conjointe, les journalistes du New York Times, du Wall Street Journal et du Washington Post ont par ailleurs demandé au président des Etats-Unis d’aider à évacuer les journalistes afghans qui ont contribué à la couverture médiatique de la région.

USA Today n’a pas mâché ses mots pour critiquer les déclarations de Joe Biden. « Peu de présidents américains ont vu leurs bourdes confirmées de manière aussi spectaculaire, en temps réel, que Joe Biden en Afghanistan », commente le quotidien généraliste, avant de rappeler les propos tenus par le même quelques semaines plus tôt : « L’idée que les talibans possèdent tout le pays est hautement improbable. »

« USA Today », mardi 17 août.

« Une bataille politique qui ne fait que commencer »

Certains médias sont également revenus sur les répercussions politiques du discours de M Biden. Alors qu’il s’entête à défendre le retrait des troupes américaines, l’opposition républicaine a saisi une occasion rêvée de le critiquer.

« Les républicains, qui tentent de remporter les deux chambres du Congrès lors des élections de l’année prochaine, voient une occasion d’attaquer Biden sur un sujet où il a traditionnellement été très fort – la politique étrangère », avance Amber Phillips dans une analyse publiée dans le Washington Post. Le Washington Post perçoit ce conflit comme « les premiers contours d’une bataille politique qui ne fait que commencer alors que la guerre en Afghanistan se termine ».

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L’allocution du président des Etats-Unis a également fait la « une » de certains titres de presse étrangère, notamment au Royaume-Uni, où le Daily Telegraph a titré « Biden défend la fuite de l’Amérique ». Le tabloïd Sun, lui, affiche une photo de M. Biden à une table de réunion, avec le jeu de mots « Joke Biden » (« la blague Biden »), accompagné d’un sous-titre précisant « Prez’surprised’by rout » (« le président est surpris par la déroute »).

« Biden : c’est la faute des Afghans », titre, en une de son édition de mardi, le Daily Mail, tandis que son chroniqueur Richard Littlejohn, estime que la guerre contre le terrorisme s’est terminée comme elle a commencé, avec « des corps tombant du ciel et une Amérique humiliée ».

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Le Monde

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