Biodiversité : Macron enterre le projet Europacity – Les Échos

L’opinion manquait d’un signal fort de la conversion écologique du chef de l’Etat. En voici un, et il est de taille. Emmanuel Macron a sonné ce jeudi, dans le cadre du Conseil de défense écologique, le glas du  projet de mégacomplexe Europacity , dans le Val d’Oise, au nord de Paris. « Daté et dépassé », a-t-il jugé à l’endroit de cette opération d’activités de commerce et de loisirs où les mètres carrés se comptent par centaines de milliers. Le projet avait été mis à l’étude il y a dix ans à l’initiative du groupe Auchan, associé à l’investisseur chinois Wanda.

Un projet dont l’histoire, le contexte et le sort ne sont pas sans rappeler celui de l ‘aéroport Notre-Dame des Landes, passé à la trappe il y a deux ans par l’exécutif. Dans ce Triangle de Gonnesse – la zone à aménager – même tendance au gigantisme, même forcing des élus locaux pour venir à bout des mêmes manifestations de résistance des défenseurs de l’environnement, des milieux agricoles et des commerçants locaux.

Réactions enthousiastes

En vain pour les promoteurs d’Europacity. En dépit des 10.000 emplois annoncés à longueur de concertation, les enjeux liés à la préservation de 79 hectares de terres fertiles – ceux promis à ce projet francilien – ont été les plus forts. L’exécutif, qui a décidé de s’attaquer à l’artificialisation des sols, pouvait difficilement trouver dossier plus emblématique pour affirmer son volontarisme.

En témoignent les réactions enthousiastes que cette décision a suscitées de la part des détracteurs du projet, dont beaucoup appartiennent à l’opposition. « Enfin ! Des années de lutte, de résistance, de mobilisation et surtout de pédagogie […] sont récompensées », s’est réjoui le chef de file d’EELV Yannick Jadot. « Une grande nouvelle », s’est félicité Eric Coquerel, député LFI de Seine-Saint-Denis. « Une très bonne nouvelle », a renchéri Jean-François Julliard, le directeur général de Greenpeace France.

La promesse d’un projet alternatif

Cette décision semble faire une autre démonstration, celle de l’utilité du Conseil de défense écologique, elle aussi souvent discutée. «  Après l’abandon du projet de la Montagne d’Orlors de sa première réunion, puis l’annonce d’une éco-contribution sur le transport aérien à la seconde, c’est une nouvelle mesure emblématique qui est ainsi actée », constate Matthieu Orphelin, député ex-LREM et proche de Nicolas Hulot.

La mise aux oubliettes d’Europacity n’exclut cependant pas qu’une autre opération puisse voir le jour. Mais à la condition express d’avoir une empreinte environnementale beaucoup plus supportable, notamment en termes de trafic routier induit. C’est le sens de la mission confiée à Francis Rol-Tanguy, ancien directeur de l’Atelier parisien d’urbanisme. Celui-ci va devoir faire émerger un « projet alternatif » qui devra être « plus mixte, plus moderne, sans créer un pôle démesuré de consommation, de loisirs et d’objets », indique t-on à l’Elysée.

La tâche s’annonce ardue tant l’attachement à Europacity est fort chez la plupart des élus locaux qui conçoivent mal de voir s’évanouir ce qui pouvait ressembler à un Eldorado. « Le gouvernement sacrifie notre territoire au nom d’une vision uniquement symbolique de l’écologie », a tempêté le maire PS de Gonnesse, Jean-Pierre Blazy.

La pilule passe tout aussi mal chez les dirigeants de la société EuropaCity. Benoît Chang, son directeur général, a dénoncé une décision « incohérente » de la part de l’Etat qui avait « fortement contribué à faire évoluer le projet vers une transition écologique vertueuse ». Les promoteurs avaient verdi leur copie en octobre dernier et s’estiment mal payés de retour.

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