Biélorussie : Des heurts violents éclatent à Minsk après la victoire de Loukachenko – 20 Minutes

Des opposants contestent à Minsk les résultats de la présidentielle en Biélorussie, le 9 août 2020. — Sergei Grits/AP/SIPA

Les craintes de nombreux observateurs sur des violences après la présidentielle en Biélorussie semblaient fondées. La police a dispersé par la force à Minsk des foules de manifestants dimanche soir après le scrutin ayant opposé Alexandre Loukachenko, donné largement en tête, et une rivale inattendue, Svetlana Tikhanovskaïa. Des rassemblements d’opposition ont aussi eu lieu, selon des médias locaux, dans des villes de province dont Brest, Pinsk, Gomel et Grodno.

Grenades assourdissantes

Peu après l’annonce d’un sondage officiel donnant gagnant à près de 80 % le président sortant, au pouvoir depuis 1994, les détracteurs du régime se sont rassemblés par milliers en différents endroits de la capitale. Les autorités ont pour leur part déployé un important dispositif antiémeute. La police a ainsi précisé avoir utilisé des « équipements spéciaux » pour disperser les rassemblements, dont des grenades assourdissantes, et avoir procédé à des arrestations, sans en préciser le nombre, les « événements étant en cours ».

Le ministère de l’Intérieur a assuré avoir la « situation sous contrôle », alors que plusieurs médias, dont la radio financée par les Etats-Unis RFE/RL, ont fait état d’usage de balles en caoutchouc. Ils ont diffusé des images de manifestants blessés, du sang coulant de leurs visages. Alexandre, un manifestant de 35 ans qui a participé à des heurts avec la police, a expliqué avoir protesté contre la « falsification totale » des élections. « C’est un crime et une humiliation du peuple », selon lui.

Loukachenko ne veut ni « perte de contrôle » ni « chaos »

Un journaliste de l’AFP a entendu l’explosion de grenades assourdissantes près du monument Stella de la capitale et vu les forces de l’ordre, équipées de boucliers, se diriger vers des manifestants. Des manifestants ont été vus conspuer des policiers, quand d’autres brandissaient des drapeaux symbolisant l’opposition devant des cordons des forces de l’ordre barrant des axes de Minsk. Ales Bialiatski, à la tête de l’ONG de défense des droits humains Viasna, a par ailleurs dénoncé une utilisation « disproportionnée » de la force par la police.

En posant son bulletin dans l’urne plus tôt dimanche, Alexandre Loukachenko avait promis qu’il n’y aurait ni « perte de contrôle » ni « chaos » dans le pays. En déployant sa police, le président montre qu’il compte tenir son pays et ne pas laisser l’opposition remettre en cause son pouvoir. Dans ce contexte, beaucoup craignent que la répression ne s’accentue. « Connaissant la nature impitoyable de Loukachenko, quiconque s’intéresse à la Biélorussie s’inquiétera pour le peuple biélorusse dans les prochains jours », a ainsi affirmé Nigel Gould-Davies, analyste à l’International Institute for Strategic Studies (IISS) et ancien ambassadeur britannique à Minsk.

Le pays n’a pas organisé de scrutin jugé libre depuis 1995. A plusieurs reprises, les manifestations y ont été matées sans ménagement. L’élection de 2020 ne semble pas, pour le moment, présager d’un changement.

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