Béluga dans la Seine : malgré l’état stationnaire du cétacé, les espoirs de le sauver s’amenuisent – Le Monde

Près d’une semaine après avoir été découvert, le béluga égaré dans la Seine ne s’alimentait toujours pas dimanche 7 août et présentait des signes de maladie, laissant « peu d’espoir » à une issue heureuse. L’option de l’euthanasie du cétacé reste toutefois « écartée » car jugée trop « prématurée », selon Lamya Essemlali, la présidente de Sea Shepherd France, présente sur les lieux. Interrogée sur les chances de sauver l’animal, la porte-parole de l’ONG de défense et de protection des océans a confié à l’Agence France-Presse que les experts et les autorités se retrouvaient désormais face à « un challenge », où il y a « peu d’espoir », évoquant « une course contre la montre ».

Depuis vendredi soir, cet animal de quatre mètres, repéré mardi dans la Seine et dont la présence dans ce fleuve est exceptionnelle, se trouve dans l’écluse de Saint-Pierre-la-Garenne, dans l’Eure. Cette écluse, qui mesure environ 125 mètres sur 25 mètres, est située à une centaine de kilomètres au nord-ouest de Paris.

Le cétacé refuse toujours de se nourrir

Si l’ONG Sea Shepherd a publié un message relativement optimiste sur Twitter, lundi, le cétacé se trouve toujours dans un état stationnaire. On n’observe « pas de dégradation de son état. Il reste alerte mais ne mange toujours pas », a précisé Mme Essemlali. Des harengs, des truites et même des calamars… Plusieurs tentatives pour le nourrir sont restées vaines depuis vendredi. « Au vu de l’état physiologique du béluga », des vétérinaires lui avaient administré « des vitamines et des produits susceptibles de lui ouvrir l’appétit », samedi, avait déclaré dimanche matin la préfecture de l’Eure dans un communiqué.

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Si le béluga adopte « un comportement calme » dans ce bassin de l’écluse de la Garenne où il est entré de son propre chef, « il est très amaigri et présente des altérations cutanées dues à sa présence en eau douce », note la préfecture. Selon Sea Shepherd, cette absence de nutrition n’est pas nouvelle. « Son manque d’appétit est sûrement un symptôme d’autre chose, une origine qu’on ne connaît pas, une maladie. Il est sous-alimenté et ça date de plusieurs semaines, voire plusieurs mois. En mer, il ne mangeait plus », a expliqué Mme Essemlali.

L’heure n’est guère à l’optimisme sur ses chances de survie, et la crainte existe qu’il subisse le même sort qu’une orque retrouvée dans le même fleuve en mai et qui n’avait pu être sauvée. Pour autant, l’option d’euthanasier le béluga reste « écartée pour l’instant », affirme Mme Essemlali, car « à ce stade, ce serait prématuré du fait qu’il a encore de la vigueur, un comportement curieux : il tourne la tête, il réagit à des stimuli, il n’est pas amorphe et moribond ».

Son rapatriement dans la Manche est à l’étude

Parmi les hypothèses imaginables figurent une extraction ou une ouverture de l’écluse avec l’espoir qu’il regagne la Manche. « On est tous dubitatifs sur sa capacité à rejoindre la mer par ses propres moyens. Même si on le “drivait” avec un bateau, ce serait extrêmement périlleux, voire impossible », estime-t-elle.

En outre, l’hypothèse qui paraissait davantage tenir la corde dimanche était de l’extraire de l’eau, puis de « le transporter sur un lieu de soin pour pouvoir ensuite [le remettre] à la mer », annonçait la sous-préfète d’Evreux, Mme Dorliat-Pouzet. Reste aussi le cas de figure « de lui laisser finir sa vie tranquillement comme quelqu’un de très malade qui n’a plus beaucoup d’espérance de vie », a-t-elle ajouté. Dans tous les cas, il n’apparaît pas viable de le laisser dans l’écluse où l’eau est stagnante et chaude. « Il doit sortir dans les 24 / 48 heures qui viennent », jugeait la responsable de Sea Shepherd dimanche après-midi.

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Selon l’observatoire Pelagis, spécialiste des mammifères marins, le béluga « a une distribution arctique et subarctique. Bien que la population la plus connue se trouve dans l’estuaire du Saint-Laurent (Québec), la plus proche de nos côtes se trouve aux Svalbard, archipel situé au nord de la Norvège (à 3 000 km de la Seine) ». D’après le même organisme, il s’agit du second béluga repéré en France après qu’un pêcheur de l’estuaire de la Loire en avait remonté un dans ses filets en 1948.

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