Bélarus: des passagers de l’avion détourné racontent l’arrestation de l’opposant Roman Protassevitch – BFMTV

Âgé de 26 ans, Roman Protassevitch est l’ancien rédacteur en chef de l’influent média d’opposition bélarusse Nexta.

Le détournement du vol FR4978 – au prétexte d’une “alerte à la bombe” – n’en finit plus de susciter l’indignation. Alors que ce dimanche un avion militaire bélarus a forcé l’appareil de la compagnie Ryanair à un atterrissage à Minsk afin de procéder à l’arrestation du journaliste et militant d’opposition Roman Protassevitch, de nombreux pays dont la France et les États-Unis demandent des comptes.

Dans l’avion, de nombreux témoins ont ainsi pu assister aux minutes qui ont précédé l’interpellation de cet homme de 26 ans, dont Arthur, un passager français qui a témoigné à l’antenne de BFMTV. “Nous avons pris l’avion à 10 heures en provenance d’Athènes, à destination de Vilnius”, raconte-t-il. Et arrivé à quasi destination, on a reçu une annonce du capitaine, nous indiquant que l’avion allait devoir atterrir d’urgence à l’aéroport le plus proche qui se trouve être celui de Minsk au Bélarus.”

“Le journaliste qui a été arrêté, quand il a appris qu’on débarquait à Minsk, il était dans tous ses états pendant une minute”, se souvient Arthur. “Après il a repris son sang-froid, il n’a montré aucun sentiment sur son visage.”

“À l’atterrissage, l’avion était mené par une voiture qui nous amené dans une zone où se trouvaient des membres de l’aéroport, des policiers et des pompiers”, détaille le passager français. “Après qu’on ait tous été contrôlés, on a été mis dans deux bus différents. Et c’est à ce moment-là que (le journaliste) a été arrêté. On n’a pas vu une arrestation violente.”

“Il a dit qu’il risquait la peine de mort”

De son côté, l’AFP a également pu interroger certains des passagers, dont Monika Simkiene, une quadragénaire lituanienne, qui souligne que le journaliste “a commencé à paniquer et à dire que c’était à cause de lui”. “Il s’est juste tourné vers les gens et a dit qu’il risquait la peine de mort”, a-t-elle poursuivi, notant qu’il semblait “très calme” une fois certain de son arrestation après l’arrivée à Minsk.

Il était “nerveux au début, mais ensuite il s’est rendu compte qu’il ne pouvait rien y faire, il s’est calmé et l’a accepté”, a déclaré un autre passager, qui s’est présenté sous le seul nom de Mantas.

Un dernier occupant affirme que le jeune homme “ne criait pas, mais c’était visible qu’il avait très peur. On aurait dit que si le hublot avait été ouvert, il aurait sauté.”

“Ryanair, où est Roman?”

Après un long retard, le reste des passagers a finalement pu rejoindre Vilnius, en Lituanie. La Première ministre Ingrida Simonyte s’est rendue à l’aéroport pour accueillir l’avion, de même que plusieurs dizaines de militants bélarusses d’opposition.

Certains portaient sur les épaules des drapeaux aux couleurs de l’opposition bélarusse et d’autres des pancartes proclamant “Je suis/Nous sommes Roman Protassevitch”, ou encore “Ryanair, où est Roman?”

“Nous devons afficher notre solidarité pour éviter d’être brisés un par un”, a déclaré l’un d’entre eux. Selon lui, l’arrestation de Roman Protassevitch est un “crime”.

Le journaliste, ancien rédacteur en chef de l’influent média d’opposition bélarusse Nexta, est connu pour son engagement dans l’opposition au président Alexandre Loukachenko. Nexta a joué un rôle clé dans la récente vague de contestation à la réélection en 2020 du président Loukachenko, qui occupe ces fonctions depuis 1994 et la chute de l’URSS.

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