Aymeric Caron, en croisade contre la corrida – Le Monde

Aymeric Caron, député La France insoumise, à Paris, le 14 novembre 2022.

Aymeric Caron cultive les paradoxes. Il ne souhaite pas être étiqueté « député des animaux », mais son premier fait d’armes à l’Assemblée nationale porte sur l’abolition de la corrida. Il ne veut pas être l’élu des « coups médiatiques », dit avoir déjà donné en la matière lorsqu’il était chroniqueur en vue dans l’émission « On n’est pas couché » (de 2012 à 2015), mais le texte qu’il défend a réveillé ces dernières semaines les ardeurs des commentateurs de plateaux de télévision. Il regrette d’être réduit à ce texte sur la tauromachie, de ne pas faire les titres des journaux lorsqu’il se rend dans un hôpital psychiatrique ou rencontre des familles en attente d’accompagnants d’élèves en situation de handicap, mais dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale, il se fait plus discret, laissant ses camarades de La France insoumise (LFI) monter au créneau sur les sujets sociaux.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés La niche parlementaire de LFI bouscule les équilibres de l’Assemblée nationale

Cofondateur d’un micro-parti d’écologie radicale, rallié à LFI pour les législatives, Aymeric Caron, qui avait détrôné en juin le sortant Pierre-Yves Bournazel (Horizons) dans la 18e circonscription de Paris, vit son baptême politique avec l’examen, le jeudi 24 novembre, de sa proposition de loi visant à abolir la corrida. Le texte, présenté dans le cadre de la niche parlementaire de LFI, a connu un premier revers le 16 novembre avec un rejet en commission des lois.

La proposition divise tous les rangs, poussant le néodéputé à faire campagne dans les couloirs de l’Assemblée et les médias pour dérouler ses arguments. La corrida serait, pour ses partisans, l’expression d’une France plurielle et riche de ses cultures locales ? Elle est pour Aymeric Caron, au contraire, un « séparatisme », terme qu’il reprend au camp présidentiel pour décrire la dérogation accordée aux régions taurines, au nom d’une « tradition locale ininterrompue », à l’interdiction des actes de cruauté sur les animaux domestiques. « Quand on réclame un traitement différencié des autres Français, cela porte un nom, cela s’appelle le séparatisme », dit le député.

« Attitude individualiste »

Quand des aficionados défendent, à travers la tauromachie, une célébration de l’animal et de sa force, le député répond en détaillant cliniquement la longueur des piques plantées sur le flanc des taureaux, les banderilles enfoncées par paires, l’estoque pouvant percer le diaphragme et entraîner de fréquentes hémorragies.

Mais c’est l’argument selon lequel l’initiative, qui concerne une cinquantaine de communes et un millier de taureaux mis à mort par an, serait « anecdotique » qui l’irrite le plus. « Bien évidemment que le sujet peut paraître anecdotique à côté d’autres problèmes du monde, mais sur le plan symbolique, ce qu’il porte est essentiel sur notre rapport au vivant, défend M. Caron. C’est presque plus une proposition de loi pour les humains que pour les animaux. »

Il vous reste 54.68% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *