Aviation de combat : sans surprise, la Finlande recale l’Europe et monte dans le F-35 – La Tribune

L’avion de combat américain F-35 est malheureusement l’avion préféré des Européens (Norvège, Royaume-Uni, Italie, Pays-Bas, Danemark, Pologne, Belgique et Suisse). Incompréhensible quand on connait les déboires technologiques et techniques et les coûts de maintenance vertigineux de cet appareil et qu’il y a véritablement une offre de constructeurs européens (Eurofighter, Gripen et Rafale). En dépit de ces constats, la Finlande a sélectionné le F-35 pour remplacer une soixantaine d’anciennes versions du F/A-18 livrés à la fin des années 90, comme La Tribune l’a déjà écrit à la suite des fuites dans la presse finlandaise. Le gouvernement finlandais prévoit de commander 64 F-35 pour un montant de 8,37 milliards d’euros. L’appareil était en compétition avec le F/A-18 de Boeing, le Rafale de Dassault Aviation, le Gripen du suédois Saab et l’Eurofighter du consortium européen qui rassemble Airbus , le britannique BAE Systems et l’italien Leonardo.

“Le F-35 a répondu aux exigences en matière de préparation, de coopération industrielle et de coût”, a assuré le ministre de la Défense Antti Kaikkonen, qui pourtant souhaitait “avancer vers une Europe de la défense plus forte”, lors de la visite de la ministre des Armées, Florence Parly en décembre 2020. “En comparant les capacités militaires, le système global du F-35 était le meilleur pour répondre à nos besoins. Ses capacités de combat, de renseignement et de résilience étaient les meilleures” parmi ses concurrents, a-t-il poursuivi.

Antti Kaikkonen a suivi les recommandations du comité d’évaluation. Selon un observateur averti, “il est très rare de voir le gouvernement s’écarter de la proposition du groupe d’évaluation”. Ce contrat d’armement est le plus important de l’histoire de la Finlande. Les nouveaux appareils, qui doivent voler jusqu’à l’horizon 2060, devraient être livrés par Lockheed Martin à partir de 2025. Le gouvernement prévoit des coûts de maintenance et de mise à niveau estimés à 10 milliards d’euros supplémentaires jusqu’en 2060, un montant sous-évalué selon plusieurs analystes, qui tablent sur une somme de l’ordre d’environ 250 millions d’euros par an pour 64 F-35. Ses coûts d’exploitation trop élevés font également craindre qu’ils ne soient pas soutenables, selon ses détracteurs. Lockheed Martin prévoit la maintenance des F-35 finlandais jusque dans les années 2070. Il y a déjà plus de 730 F-35 en service aujourd’hui.

“Préférence américaine en Europe”

“Une fois encore, nous constatons et regrettons une préférence américaine en Europe”, a déploré dans un communiqué Dassault Aviation, qui prend “acte de la décision souveraine des autorités finlandaises de choisir la solution américaine pour le remplacement des F-18 de la Composante aérienne”. Très grande perdante de la compétition, la Suède par la voix du ministre de la Défense Peter Hultqvist a également exprimé dans un communiqué ses “regrets” à l’égard de la décision.

“Il convient de dire que l’appel d’offres était structuré de façon à ouvrir les portes au F-35”, avait estimé un observateur à La Tribune. Les Américains disposaient de deux atouts : l’armement qui équipe les actuels F-18 est récent et peut être installé sans problème sur un nouvel avion de combat américain ; la coopération est étroite entre la Finlande et les Etats-Unis en raison de l’entretien des F-18. “Il est certain que les Finlandais accepteront facilement le choix de l’appareil américain du fait de l’excellence réputation dont dispose le F18”, faisait valoir cet observateur.

La Finlande, qui partage une frontière de plus de 1.300 kilomètres avec la Russie, n’est pourtant pas membre de l’OTAN. Mais elle est un État partenaire de l’alliance atlantique et dispose d’une “option” pour pouvoir y adhérer rapidement. L’annonce intervient alors que Moscou exige des Occidentaux des garanties de ne pas étendre l’alliance atlantique davantage vers l’est, avec des tensions autour de l’Ukraine. La moitié des nouveaux appareils sera basée en Laponie (nord) – et l’autre moitié en Carélie, dans l’est du pays, près de la frontière russe.

Michel Cabirol

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