Avec la crise due au coronavirus, la souveraineté économique ne fait plus peur au gouvernement – Le Monde

Il aura suffi d’un coup de fil. Mercredi 13 mai, c’est un Emmanuel Macron « en colère » qui a décroché son téléphone pour appeler Serge Weinberg, le président du conseil d’administration de Sanofi. L’objet de son courroux : les déclarations faites quelques heures plus tôt par Paul Hudson, le directeur général britannique du laboratoire pharmaceutique, assurant que les Etats-Unis seraient « prioritaires » dans la livraison d’un futur vaccin contre le Covid-19. « Les Américains auront le droit à la plus importante précommande, parce qu’ils ont pris un risque pour financer ces recherches avant les autres, dès le mois de février », expliquait le patron à l’agence Bloomberg.

Une déclaration « inacceptable » pour le président français, alors que Sanofi est une entreprise tricolore et bénéficie de quelque 150 millions d’euros de crédit d’impôt par an pour financer sa recherche dans l’Hexagone. Inacceptable aussi à l’heure où la crise due au Covid-19 remet au premier plan la question de la souveraineté économique et la nécessité de relocaliser sur le territoire national ou européen. « Ces propos ont ému tous ceux qui travaillent [contre le virus], à commencer par le président », a fait savoir l’Elysée, jeudi après-midi, expliquant que « ce vaccin doit être un bien public mondial, extrait des lois du marché ».

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Au sein du pouvoir, c’est aujourd’hui un fait acquis : la crise rebat les cartes de la mondialisation et remet en cause les fondements du libre-échange, tels que définis au XIXe siècle. Après des décennies de délocalisations, il est temps de « réarmer » le pays dans un certain nombre de secteurs, estime-t-on au sommet de l’Etat, où le manque de masques de protection ou de médicaments essentiels aux malades du Covid-19, produits essentiellement en Chine, a agi comme un révélateur. « La crise montre qu’on ne peut plus être dépendant d’un seul pays pour l’accès à des biens essentiels », explique la secrétaire d’Etat à l’économie, Agnès Pannier-Runacher.

« Produire davantage en France »

Dans son allocution du 13 avril, Emmanuel Macron a donné le ton. « Il nous faudra rebâtir une indépendance agricole, sanitaire, industrielle et technologique française », a déclaré le chef de l’Etat. Comprendre : plus question de laisser nos entreprises délocaliser à tour de bras. « Il nous faut retrouver la force morale et la volonté pour produire davantage en France. C’est ce que nous commençons à faire avec force et courage, sur les produits de première nécessité pour cette crise. C’est ce que nous continuerons à faire le jour d’après », a-t-il promis lors d’un déplacement à Mulhouse, le 31 mars.

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