Aux Etats-Unis, la mort de Ruth Bader Ginsburg électrise la campagne présidentielle – Le Monde

Le portrait de la juge Ruth Bader Ginsburg est projeté sur la cour suprême civile de l’Etat de New York, le 18 septembre.

Une catastrophe sanitaire, un marasme économique, des tensions raciales : la toile de fond de l’élection présidentielle du 3 novembre était déjà sombre. S’y ajoute désormais une guerre de succession pour un siège à la Cour suprême des Etats-Unis qui promet de jeter front contre front deux Amériques irréconciliables.

La mort de la juge Ruth Bader Ginsburg à l’âge de 87 ans, vendredi 18 septembre, emportée par un cancer du pancréas, était redoutée depuis des mois par le camp démocrate qui retenait son souffle à chaque hospitalisation de la doyenne progressiste de la plus haute instance juridique du pays.

Des personnes se recueillent suite à l’annonce du décès de Ruth Bader Ginsburg, devant la Cour suprême, à Washington, le 18 septembre.

Donald Trump avait fait de cette perspective un argument de campagne en assurant il y a dix jours, pour mobiliser sa base, que sa réélection permettrait de modifier en profondeur ses équilibres, les deux juges les plus âgés ayant été nommés par Bill Clinton, il y a un quart de siècle. Cinq de ces juges nommés à vie ont été choisis par des présidents républicains, les quatre autres par des démocrates.

Hostilités lancées sitôt la nouvelle connue

L’annonce du décès de cette figure de la lutte pour les droits des femmes, devenue une icône à gauche, a plongé une partie du pays dans la consternation pendant que l’autre exultait à la perspective d’ancrer la Cour suprême encore plus à droite. Le chef de la majorité républicaine du Sénat, Mitch McConnell (Kentucky), maître de l’ordre du jour, a lancé les hostilités aussitôt la nouvelle connue. « Nous avons promis de travailler avec le président [Donald] Trump et de soutenir son programme, notamment ses choix remarquables pour les postes de juges fédéraux. Une nouvelle fois, nous tiendrons notre promesse. Le candidat du président Trump aura droit à un vote dans l’enceinte du Sénat des Etats-Unis », a-t-il assuré dans un communiqué.

Donald Trump s’exprime suite à l’annonce du décès de la juge de la Cour suprême Ruth Bader Ginsburg, à Bemidji (Minnesota), le 18 septembre.

Jamais dans l’histoire américaine un juge promis à une telle fonction n’a été nommé aussi près d’une élection présidentielle. Le dernier précédent, la mort brutale du juge conservateur Antonin Scalia, en février 2016, avait entraîné une tout autre réaction du même Mitch McConnell. Parce que le président était alors démocrate, Barack Obama, il avait estimé qu’à huit mois du terme de son second mandat ce dernier était dépourvu de la légitimité nécessaire. Il s’était donc refusé à organiser le moindre vote à propos de la personne choisie, Merrick Garland, président de la prestigieuse cour d’appel du district de Columbia. Il avait préféré contraindre la Cour suprême à l’immobilisme, divisée en deux blocs de quatre juges, plutôt que de prendre le risque de défections républicaines.

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