Au Technocentre Renault, le télétravail plébiscité malgré des couacs

Au Technocentre Renault, le télétravail plébiscité malgré des couacs

La présence au bureau est l’exception, et non plus la règle. C’est en ce sens que souhaite avancer la direction des ressources humaines du constructeur automobile PSA. En mai, son DRH Xavier Chereau annonçait ainsi le renforcement du travail à distance, avec un cap : « en faire la référence pour les activités non reliées directement à la production ».

D’autres industriels du secteur automobile pourraient emboîter le pas de PSA, comme Renault. Les entreprises s’engagent toutefois sur cette question à une co-construction avec les syndicats. Chez la marque au losange, une organisation syndicale apporte d’ailleurs sa pierre à l’édifice sous la forme d’une enquête approfondie auprès des salariés.

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Un télétravail « plutôt bien vécu » par 90 % des sondés de Renault

Au sein du Technocentre, la CFDT constate par exemple que les télétravailleurs confirmés ont mieux vécu la généralisation du télétravail que les primo-télétravailleurs. Cette observation n’est pas spécifique à Renault. Une étude de l’Anact aboutissait au même constat.

En effet, 48 % des répondants se jugent moins efficaces au travail. L’Agence note que les nouveaux télétravailleurs sont sur ce point surreprésentés. 50 % des sondés s’estiment en outre plus fatigués, et ce, sans lien avec la charge de travail perçue.

Globalement, les salariés du Technocentre Renault déclarent cependant à 90 % avoir plutôt bien vécu la généralisation du télétravail. Ils pointent dans le même temps les principaux inconvénients du travail à distance.

Ces derniers mettent par exemple en avant le manque de lien social ou d’échanges informels. Ils pointent aussi la problématique de la garde des enfants. Cette combinaison est toutefois une spécificité due au confinement et ne constitue pas en principe une composante du télétravail.

Autres points identifiés par les employés de Renault : l’ergonomie du poste de travail et le logement. La problématique du logement est soulignée par différentes études consacrées au télétravail lors de la crise.

Un poste de travail à domicile à adapter et des inégalités

Terra Nova relevait par exemple que 42 % des télétravailleurs ne disposent pas d’un espace de travail dédié. L’enquête de l’ANDRH (Association nationale des directeurs des ressources humaines) déplorait quant à elle un manque de matériel et des problèmes de connexion.

Au Technocentre, des employés pointent eux aussi les questions matérielles, jugeant ainsi leur poste pas adapté (écran, siège, équipement). Pour y répondre, des entreprises comme Google proposent une enveloppe à leurs salariés pour financer leur équipement.

Les employés du fabricant de voitures soulignent un autre aspect négatif du télétravail : une forte sollicitation au travers des outils numériques. Un sondé déclare ainsi être « en permanence dérangé par Teams ou Skype », sans la possibilité « de se concentrer sur un sujet ».

« Beaucoup trop de sollicitations, les collègues pensent que nous sommes systématiquement disponibles. Je me suis senti obligé de rester derrière le PC », réagit un autre salarié de Renault interrogé par la CFDT.

L’enquête du syndicat relève cependant un point positif récurrent des réunions en ligne : leur efficacité. La contrepartie en revanche, c’est leur multiplication, une situation présentée comme « difficile à vivre et très fatigante » pour certains.

Plus de 70 % des salariés du Technocentre favorables à l’assouplissement

Au Technocentre, les employés plébiscitent d’ailleurs le passage à des réunions plus courtes, d’une trentaine de minutes. Un salarié se félicite ainsi que ces rendez-vous quotidiens aient été déplacés le matin et raccourcis, pour une efficacité égale.

Chez Renault, la généralisation du télétravail et son ouverture à de nouveaux télétravailleurs ont visiblement suscité des attentes. D’après le syndicat, ils sont plus de 70 % à se dire favorables à une modification de l’accord d’entreprise.

Mais si la majorité « souhaite un assouplissement de l’accord actuel », elle pointe également un frein au développement de la pratique : la frontière vie privée et vie professionnelle. Le constat n’est pas nouveau. De précédentes études soulignaient déjà une tendance à la pratique d’horaires atypiques parmi les télétravailleurs.

Si la préservation de la vie personnelle préoccupe les salariés du Technocentre, ceux-ci ne manquent pas néanmoins de plébisciter le télétravail. Et ce pour deux raisons principales : le gain de temps de transport et « le calme pour travailler sur des dossiers ».

Un sondé en tire d’ores et déjà un bilan sans ambiguïté : « être au Technocentre n’apportera rien de plus dans mon efficacité. Cela apportera juste le fait de satisfaire des hiérarchiques intermédiaires qui ne nous font pas confiance en télétravail ». Un avis partagé par un collègue : « malgré ce que le top management peut penser, on peut faire beaucoup de choses en télétravail ».

La position prise par le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, suggère cependant que la crise sanitaire n’a pas convaincu tous les dirigeants des bénéfices du télétravail. « Je crois que l’on a besoin de retourner au travail. On a besoin d’abord de se voir, de se parler et puis on a besoin de recréer de la richesse tous ensemble. Recréer de la richesse, c’est aussi d’être présents dans les entreprises », conclut-il.

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