Au Sri Lanka, l’incertitude politique domine après l’invasion de la résidence présidentielle – FRANCE 24

La situation était toujours incertaine, dimanche, au Sri Lanka, après l’invasion de la résidence présidentielle, la veille, par des milliers de manifestants, qui ont contraint le chef de l’État, Gotabaya Rajapaksa, à prendre la fuite et à annoncer sa démission la semaine prochaine. 

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Le Sri Lanka toujours paralysé. En ce dimanche 10 juillet, la situation reste incertaine après l’annonce de la démission prochaine du président Gotabaya Rajapaksa, alors que ce dernier a été contraint de fuir sa résidence envahie par les manifestants anti-gouvernementaux, qui subissent de plein fouet une crise catastrophique.

Les États-Unis ont exhorté les futurs nouveaux dirigeants du pays à “travailler rapidement” à des solutions pour restaurer la stabilité économique et répondre au mécontentement populaire face à la dégradation des conditions économiques, “notamment les pénuries d’électricité, de nourriture et de carburant”, a déclaré un porte-parole du département d’État.

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“Pour assurer une transition pacifique, le président a dit qu’il allait démissionner le 13 juillet”, avait déclaré, samedi, à la télévision, le président du Parlement, Mahinda Abeywardana.

Deux proches du président ont, sans attendre, démissionné : le chef du service de presse, Sudewa Hettiarachchi, et le ministre des Médias, Bandula Gunawardana, qui a également laissé son poste à la tête du parti présidentiel.

De son côté, le Premier ministre, Ranil Wickremesinghe, a tenté d’ouvrir la voie à une union nationale, en convoquant en urgence une réunion de crise du gouvernement avec les partis d’opposition auquel il a proposé sa démission.

Mais cela n’a pas suffi à calmer la colère des manifestants qui, dans la soirée, ont assiégé sa résidence, en son absence, et y ont mis le feu, sans faire de blessés.

Appel au calme 

Le président Rajapaksa, 73 ans, sur la sellette depuis des mois, avait pu fuir quelques minutes avant que plusieurs centaines de manifestants ne pénètrent dans son palais, normalement réservé aux réceptions, mais où il avait emménagé en avril après l’assaut de son domicile privé.

Les soldats gardant la résidence officielle ont tiré en l’air pour dissuader les manifestants d’approcher du palais jusqu’à ce qu’il soit évacué et prenne place à bord d’un navire militaire faisant route vers les eaux territoriales au sud de l’île.

Dimanche, selon une source de la Défense, Gotabaya Rajapaksa devrait atteindre la base navale de Trincomalee, dans le nord-est de l’île.

Après minuit samedi, le chef d’état-major de la défense, le général Shavendra Silva, a lancé un appel au calme à la télévision, assurant : “Il existe une possibilité de résoudre la crise de manière pacifique et constitutionnelle”.

L’hôpital national de Colombo, le principal de la capitale, a fait état de 105 personnes admises après les manifestations de samedi et de 55 toujours en traitement dimanche. Parmi les blessés figurent sept journalistes. “Une personne est dans un état très grave après une blessure par balle”, a dit à l’AFP la porte-parole Pushpa Soysa.

Dimanche, les manifestants qui occupaient toujours le palais présidentiel ont déclaré qu’ils ne partiraient pas avant la démission effective du président.

“Notre combat n’est pas fini”, a déclaré aux journalistes le dirigeant étudiant Lahiru Weerasekara. “Nous n’abandonnerons pas ce combat jusqu’à ce qu’il parte réellement”.

Centaines de milliers de manifestants 

Des militants étudiants ont dit avoir trouvé 17,8 millions de roupies (48 000 euros) dans la chambre de Gotabaya Rajapaksa et les avoir remis à la police.

Samedi, les manifestations pour exiger la démission de Gotabaya Rajapaksa ont rassemblé à Colombo des centaines de milliers de personnes. Des heurts ont opposé des manifestants aux forces de l’ordre qui tentaient de les disperser avec du gaz lacrymogène.

Les chaînes de télévision locales ont ensuite montré des images de centaines de personnes escaladant les grilles du palais présidentiel. Des manifestants ont diffusé en direct sur les réseaux sociaux des vidéos de la foule déambulant à l’intérieur, certains s’égaillant dans la piscine présidentielle ou dans les chambres à coucher.

Les protestataires ont également investi les bureaux de la présidence à proximité, devant lesquels des manifestants campaient depuis trois mois.

Autrefois pays à revenu intermédiaire avec un niveau de vie envié par l’Inde, le Sri Lanka a été laminé par la perte des recettes touristiques consécutives à un attentat jihadiste en 2019 puis la pandémie de Covid-19.

La crise, sans précédent depuis l’indépendance en 1948 de cette île de 22 millions d’habitants, a été aggravée, selon des économistes, par une série de mauvaises décisions politiques dont le clan présidentiel au pouvoir depuis 2005 est accusé par la population.

Le pays négocie un plan de sauvetage avec le Fonds monétaire international (FMI), lequel a déclaré, dimanche, espérer “un règlement de la situation actuelle de manière à permettre la reprise de notre dialogue”.

En mai, neuf personnes avaient été tuées et plusieurs centaines blessées lors de manifestations.

 Avec AFP

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