Au Sri Lanka, après la fuite du président, la peur du chaos – Le Monde

Un manifestant fait semblant de s’adresser à la nation en utilisant un podium, dans la résidence officielle du président, un jour après qu’elle a été prise d’assaut à Colombo, Sri Lanka, dimanche 10 juillet 2022.

Les Sri Lankais retiennent leur souffle. Dans quoi leur pays, où les pénuries rendent la vie impossible, va-t-il basculer à présent ? Si le président Gotabaya Rajapaksa a annoncé samedi 10 juillet qu’il quitterait le pouvoir quatre jours plus tard, mercredi, et que le premier ministre, Ranil Wickremesinghe, a proposé d’en faire de même, aucun des deux hommes n’a encore officiellement démissionné. Plus tôt dans la journée, M. Rajapaksa avait été forcé de fuir sa résidence à Colombo, la capitale, envahie par la foule.

Après des mois de contestation, la nouvelle avait un parfum de victoire, mais les manifestants restent sur leurs gardes. « Je suis très fière de ce que le peuple sri lankais a accompli, mais l’heure n’est pas encore aux célébrations, nos dirigeants pourraient revenir sur leur promesse », tempère Hiranya Cooray, une trentenaire de Colombo, jointe par téléphone. Samedi, elle a parcouru 10 kilomètres à pied pour participer à la manifestation organisée dans la capitale sri lankaise.

« Pourquoi attendre le 13 juillet pour démissionner ?  », s’interroge également Yohan Perera, un consultant en ressources humaines qui a, lui aussi, défilé dans les rues de la capitale samedi. « Je pense qu’ils essaient de gagner du temps et qu’ils préparent quelque chose », avance-t-il, affirmant que les manifestations se poursuivront jusqu’à ce que le premier ministre et le président quittent leurs fonctions et qu’un nouveau gouvernement soit mis en place.

Des manifestants posent pour des photos à la résidence officielle du président, en fuite et démissionnaire, dimanche 10 juillet 2022.

Crise économique et financière majeure

Nombre de citoyens continuent d’occuper la résidence et le secrétariat du président ainsi que la résidence du premier ministre, incendiée la veille. Les plus téméraires assurent qu’ils resteront jusqu’à la démission effective du président. Certains sont déjà partis durant la nuit, à pied ou tentant de faire de l’auto-stop en raison de la pénurie de carburant qui frappe l’île. D’autres attendent de pouvoir monter à bord des rares bus et trains qui circulent dans le pays afin de rentrer chez eux, après la journée spectaculaire de samedi.

Le Sri Lanka traverse une crise économique et financière majeure et manque de tout. Poussés à bout par des mois de privations, samedi, des dizaines de milliers de Sri Lankais ont afflué à Colombo, pour participer à une journée de mobilisation, présentée comme décisive. Ils sont arrivés en bus, en train, à bicyclette ou encore à pied, déterminés à se rendre dans la capitale pour demander, comme ils le font depuis des mois, la démission du président, Gotabaya Rajapaksa. A la mi-journée, les manifestants ont forcé les barricades de police et fait irruption dans le palais, puis dans le bureau du président et dans la résidence officielle du premier ministre.

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