Au sein du Parti socialiste, les « hollandais » jouent les frondeurs – Le Monde

« Vous savez, je ne suis pas aussi crétin qu’ils veulent bien le dire. » Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste (PS), dit ça en tirant tranquillement sur sa cigarette électronique. Mercredi 7 juillet, en terrasse d’un café parisien, le député de Seine-et-Marne vante son action depuis 2018. Il attend aussi les vacances, puis les journées d’été du PS à Blois (du 27 au 29 août) et, enfin, le 79e congrès (les 18 et 19 septembre) lors duquel il remettra son mandat en jeu.

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Le « ils » qui le prennent pour un « crétin » inclut ceux qui lui reprochent d’avoir vendu le siège de Solférino avant de brader le PS tout entier, d’avoir jeté la démocratie interne dans les oubliettes du nouveau QG d’Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne), de fomenter des stratégies politiques qui ne riment à rien, d’avoir fait trop de cadeaux aux Verts avant les régionales, d’exacerber inutilement les tensions après, en parlant de « plafond vert ».

Ils lui reprochent surtout un péché originel : avoir laissé planer l’hypothèse mortifère d’une absence de candidat socialiste à l’élection suprême. Le « ils », selon Pierre Jouvet, jeune secrétaire national aux élections, ce sont « Stéphane Le Foll ou François Rebsamen qui ne sont là que pour éructer leur aigreur. Le temps des “hollandais” est passé ». Justement, le maire de Dijon, François Rebsamen, mercredi 25 août, à Blois, s’en est une nouvelle fois pris à la direction nationale du PS en s’inquiétant d’un « effacement en cours du parti ».

« Il n’y a pas de débats, pas de votes »

Malgré ces tirades prometteuses, le prochain congrès aura du mal à renouer avec les grandes heures du PS, quand Michel Rocard, Laurent Fabius et Lionel Jospin ferraillaient à la tribune et intriguaient en coulisses. Aujourd’hui, le PS, déchu de son éclat, lutte pour sa survie et ne peut se permettre d’avancer trop désuni à sept mois de l’échéance présidentielle. C’est à Hélène Geoffroy, maire de Vaulx-en-Velin (Rhône), que revient la mission d’incarner l’unique opposition à Olivier Faure et de lui mener la vie dure. « Hélène Geoffroy fait le job pour certains qui n’ont pas le courage d’y aller, martèle Pierre Jouvet. Mais c’est quoi sa ligne ? Un accord avec Emmanuel Macron ? »

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L’ancienne secrétaire d’Etat chargée de la politique de la ville sous François Hollande n’avait pas forcément vocation à devenir l’attraction du prochain congrès, mais, au terme d’une tournée promotionnelle estivale qui lui a permis de parcourir la France socialiste, elle est plus offensive que jamais : « Nous ne travaillons plus, nous n’avons plus de projet, plus de ligne… Nous devons nous affirmer, nous reconstituer comme une force centrale de la gauche. Olivier Faure veut changer le nom du PS, il voulait se ranger derrière les Verts… Je m’insurge contre cette stratégie qui, de plus, n’est jamais validée par les militants. Il n’y a pas de débats, pas de votes. Les militants donnent leur avis lors de réunions Facebook qui liment les aspérités. C’est comme si on regardait une chaîne de télé. Les militants s’en vont, car ils ne sont plus associés à la vie du parti. »

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