Au Royaume-Uni, le parti de Boris Johnson sévèrement battu dans une législative partielle – Le Monde

Boris Johnson, à Londres, le 15 décembre 2021.

Il était déjà cerné par les scandales, le voilà affaibli dans les urnes. Le premier ministre britannique a subi un sérieux revers, jeudi 16 décembre, à la suite de la défaite du Parti conservateur lors d’une législative partielle en Angleterre.

Deux ans après son triomphe aux élections générales, remporté sur la promesse de réaliser le Brexit, Boris Johnson, 57 ans, risque à présent une grave crise d’autorité chez les tories, voire un vote de défiance pour le remplacer à la tête de la majorité, et donc du gouvernement. Une déroute qui survient alors que son gouvernement affronte une flambée de coronavirus – plus de 88 000 nouveaux cas jeudi, un nouveau record pour le deuxième jour de suite – due au variant Omicron.

La législative partielle du North Shropshire, circonscription très rurale du centre de l’Angleterre acquise de longue date aux conservateurs, a ainsi été remportée par les libéraux-démocrates. La candidate du LibDem, petit parti europhile, Helen Morgan, s’est imposée avec 47 % des suffrages, soit près de 6 000 voix d’avance sur son rival conservateur, selon les résultats officiels, annoncés vendredi au petit matin.

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« La fête est finie »

Les électeurs ont exprimé « clairement » à Boris Johnson que « la fête est finie », a-t-elle lancé dans son discours après l’annonce de sa victoire. « Votre gouvernement, dirigé par des mensonges et des fanfaronnades, devra rendre des comptes, a ajouté Helen Morgan. Il peut être et sera vaincu. » La nouvelle députée de 46 ans ravit ainsi aux conservateurs le siège d’Owen Paterson, en poste depuis 1997, qui a dû démissionner pour une affaire de lobbying.

Aux dernières législatives de 2019, il avait obtenu 62,7 % des suffrages et une confortable majorité de presque 23 000 voix. Le taux de participation dans cette circonscription très rurale de l’Angleterre, acquise depuis des décennies aux tories, s’est élevé jeudi à 46,3 % (soit 38 093 votants, selon le décompte définitif), bien loin des 62,9 % atteints lors des élections générales de décembre 2019.

Helen Morgan, la candidate libérale-démocrate, a remporté la législative partielle dans le North Shropshire, loin devant son rival conservateur, à Shrewsbury (Angleterre), le 17 décembre 2021.

Boris Johnson était venu en novembre à la rescousse de M. Paterson en tentant de modifier les règles disciplinaires du Parlement, avant de reculer face au tollé jusque dans son propre camp. Ce scandale, qui s’inscrit dans une longue série d’affaires embarrassantes – des accusations de corruption dans son parti à celles de violations des restrictions sanitaires –, a fragilisé M. Johnson.

La popularité du dirigeant britannique s’est effondrée et de récents sondages sur les intentions de vote donnaient au niveau national plusieurs points d’avance à l’opposition travailliste. En particulier, des révélations récentes sur la tenue d’événements festifs à la fin de 2020 à Downing Street passent très mal auprès des Britanniques, alors priés de réduire à l’extrême leurs interactions sociales.

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Fronde de sa majorité

S’y est ajoutée, jeudi, la révélation par les journaux The Guardian et The Independent d’une brève apparition de M. Johnson à un pot à Downing Street le 15 mai 2020, malgré les restrictions sanitaires. Downing Street a évoqué une réunion « avec le ministre de la santé de l’époque [Matt Hancock] et son équipe dans le jardin après une conférence de presse ».

Ces affaires tombent au plus mal pour M. Johnson, au moment critique où le Royaume-Uni est confronté, selon ses termes, à un « raz de marée » de contaminations dues au variant Omicron du coronavirus dans un pays qui déplore près de 147 000 morts. Sa crédibilité fragilisée, il a peiné, mardi, au Parlement, à faire accepter de nouvelles restrictions pour lutter contre le Covid-19.

Camouflet ultime, il a affronté une fronde inédite de sa majorité : 99 députés ont voté contre l’instauration d’un passe sanitaire pour les grands événements, jugée liberticide – une mesure finalement adoptée grâce aux voix de l’opposition travailliste. A l’échelle du parti, seule l’ancienne première ministre Theresa May avait connu pire depuis la seconde guerre mondiale.

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Le Monde avec AFP

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