Au Royaume-Uni, la première ministre Liz Truss en sursis – Le Monde

La première ministre britannique, Liz Truss, à Londres, le 14 octobre 2022.

Liz Truss a le visage fermé, elle regarde droit devant elle, assise à sa place attitrée dans la Chambre des communes. La scène est étonnante, presque pénible : ce lundi 17 octobre après-midi, la dirigeante écoute son nouveau chancelier de l’Echiquier, Jeremy Hunt, détruire méthodiquement le « minibudget » qu’elle a défendu avec acharnement depuis qu’il a été rendu public le 23 septembre. Elle est encore première ministre britannique, mais elle a clairement perdu la partie.

La dirigeante vient d’être privée de sa principale politique, qu’elle avait mise au cœur de sa campagne des primaires conservatrices. Ce sont désormais les marchés financiers qui dictent son tempo au gouvernement et Jeremy Hunt qui a pris les commandes pour tenter de restaurer leur confiance, perdue après que les investisseurs ont spectaculairement mal reçu les projets économiques de Liz Truss – des baisses d’impôts massives non financées. La Banque d’Angleterre a dû intervenir à plusieurs reprises pour soutenir les obligations d’Etat britanniques qu’ils délaissaient.

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Finies les attaques contre une supposée « coalition anti-croissance » dénigrant ses plans ou les rêves de « Singapour sur Tamise » que Liz Truss, une adepte du « moins possible d’Etat et d’impôts », espérait mettre en pratique. La « priorité » du pays est désormais à la « stabilité » a asséné son chancelier de l’Echiquier, 72 heures après sa prise de fonction, le 14 octobre, en remplacement de Kwasi Kwarteng, l’architecte du « minibudget » avec la cheffe du gouvernement. Jeremy Hunt, ex-ministre de la santé de David Cameron et de Theresa May, considéré comme un modéré dans les rangs tories, a annoncé l’abandon de la baisse programmée de 20 % à 19 % de la première tranche d’imposition sur le revenu. Il a aussi confirmé le passage de 19 % à 25 % de l’impôt sur les bénéfices des sociétés, en avril 2023.

« Austérité, saison 2 »

Deux fois candidat malheureux au poste de premier ministre, Jeremy Hunt a même sacrifié une partie de l’énorme plan d’aide à 100 milliards de livres sterling (115 milliards d’euros) annoncé le 8 septembre par Liz Truss, deux jours seulement après son arrivée à Downing Street. Ce mécanisme, visant à limiter en moyenne à 2 500 livres sterling par an les factures d’énergie des particuliers pendant les deux prochaines années, avait été plutôt bien reçu par les médias et les marchés et la dirigeante s’en prévalaient pour éviter les questions gênantes sur le « minibudget ». Cette aide devrait désormais être limitée à six mois : à partir d’avril 2023, elle ne bénéficiera plus qu’aux ménages les plus vulnérables, a dit M. Hunt.

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