Au procès du 13-Novembre, la vie d’avant enjolivée de Salah Abdeslam – Le Monde

Salah Abdeslam devant la cour d’assises spéciale de Paris, le 2 novembre 2021.

Curieuse sensation, mardi 2 novembre, à la reprise du procès des attentats du 13-Novembre devant la cour d’assises spéciale de Paris : personne n’a pleuré, personne n’a évoqué ses blessures par balles, ni la perte d’un proche au Bataclan ou sur une terrasse parisienne, ni son stress post-traumatique. Après un mois d’audience consacré aux horreurs de la nuit du 13 novembre 2015 par ceux qui les ont subies, la parole est aux accusés, et les regards quittent la barre pour fixer le box vitré.

Salah Abdeslam et Mohamed Abrini, d’abord. Ces deux natifs de Bruxelles sont unis par leur proximité dans l’ordre alphabétique, par leur enfance à Molenbeek, où ils étaient voisins, et par un destin d’ancien candidat au suicide toujours en vie. Si les choses s’étaient déroulées comme prévu, le premier aurait actionné, dans la nuit du 13 novembre 2015, la ceinture explosive retrouvée intacte trois jours plus tard dans une rue au sud de Paris, et le second aurait déclenché, le 22 mars 2016, la bombe qu’il poussait sur un chariot à bagages à l’aéroport de Bruxelles.

Enquête : Article réservé à nos abonnés Salah Abdeslam a-t-il renoncé à se faire exploser lors des attentats du 13 novembre 2015 ?

Eux seuls savent pourquoi les choses ne se sont pas déroulées comme prévu, et la question ne leur a pas été posée mardi, puisque ce n’est pas l’objet de l’examen de personnalité qui occupe la cour cette semaine. Il s’agit pour l’instant de retracer succinctement le parcours des accusés – enfance, famille, scolarité, travail, détention –, sans évoquer les charges pesant sur chacun d’eux, qui seront étudiées en janvier 2022.

Lire aussi l’enquête : Article réservé à nos abonnés Les zones d’ombre de l’enquête sur les attentats du 13 novembre

Puisqu’il n’était question ni de leur radicalisation ni des faits qui leur sont reprochés, les deux kamikazes défaillants sont redevenus, mardi, le temps d’un interrogatoire, des garçons presque comme les autres. « Vous savez, on n’est pas sortis du ventre de nos mères avec des kalachnikovs en main », a dit Mohamed Abrini. Il y a eu une vie avant de basculer dans le terrorisme.

« J’étais un bon élève »

Salah Abdeslam s’est levé en premier. Ses avocats l’avaient-ils appelé à la retenue ? Se peut-il qu’il ait été remué par la détresse sans fin des parties civiles ? On ne le saura pas, personne ne lui a demandé, mais l’accusé numéro un n’était plus le même. On l’avait connu véhément et maladroit depuis l’ouverture des débats, aggravant son cas à chaque prise de parole ; il est apparu serein et courtois mardi. Le sourire discret qu’il a parfois affiché n’avait rien de provocateur. Les quelques rires dans la salle d’audience n’avaient rien de moqueur. Si l’on n’avait pas été au procès des attentats du 13-Novembre, on aurait trouvé les échanges légers.

Il vous reste 68.23% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Leave a Reply

Discover more from Ultimatepocket

Subscribe now to keep reading and get access to the full archive.

Continue reading