Au procès du 13-Novembre, la cour diffuse les premières photos du Bataclan et la bande-son du massacre – Le Monde

Au procès des attentats du 13-Novembre, à Paris.

Que montrer ? Qu’entendre ? Cette question hante le procès des attentats du 13-Novembre depuis son commencement, il y a maintenant sept mois. Quel degré de violence une cour d’assises peut-elle assumer au nom de la manifestation de la vérité ? La cour d’assises spéciale de Paris avait jusqu’ici fait le choix de la pudeur afin de pas ajouter à la douleur des parties civiles : seules de rares photos, souvent censurées, ont laissé entrevoir quelques cadavres sur les terrasses parisiennes. Mais on n’avait encore jamais vu d’images de la scène de crime la plus insoutenable : le charnier du Bataclan et ses quatre-vingt-dix morts.

Il aura fallu attendre la 111e journée d’audience, vendredi 1er avril, pour que le président, Jean-Louis Périès, accepte de projeter une trentaine de photos prises dans la salle de concerts après la tuerie. La cour a également diffusé trois extraits d’un enregistrement audio de l’attentat capté par un dictaphone abandonné par un spectateur. Ces deux demandes émanaient de l’association de victimes Life for Paris et de son président, Arthur Dénouveaux, lui-même rescapé du Bataclan. Un débat entre avocats des parties civiles et quelques représentants de la défense avait eu lieu jeudi sur le sujet.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Diffuser ou non les images et les sons du Bataclan, un épineux débat au procès du 13-Novembre

La salle d’audience est comble, comme rarement depuis le début de ce procès. Quelque 250 parties civiles ont fait le déplacement. « On va commencer par l’enregistrement audio », dit le président. Les trois extraits qui vont être diffusés, d’une durée totale d’environ neuf minutes, proviennent d’un fichier de deux heures et trente-huit minutes qui a saisi l’horreur en direct, des premiers tirs jusqu’à l’assaut de la brigade de recherche et d’intervention (BRI). Il s’agit de la bande-son du massacre. Chacun retient son souffle.

Premier audio : l’irruption des terroristes

Le premier extrait dure deux minutes seize. Nous sommes au tout début de l’enregistrement, qui a capté l’irruption des terroristes pendant le concert des Eagles of Death Metal. Les vingt-deux premières secondes de cette séquence avaient déjà été diffusées au début du procès, le 17 septembre 2021, mais le son avait été coupé juste après les premiers coups de feu. Cette fois, on va entendre la terreur qui s’est emparée des 1 498 spectateurs présents ce soir-là.

Lire aussi Article réservé à nos abonnés « On a dû choisir entre qui allait vivre ou mourir » : au procès du 13-Novembre, le récit de l’évacuation des blessés du Bataclan

La cour lance l’audio. On entend les dix dernières secondes du concert : quelques joyeux riffs de guitare retentissent dans la salle, puis ce qu’on prend pour un solo de batterie. On comprend vite qu’il ne s’agit pas de ça, un affreux larsen monte comme un cri… Les tirs se succèdent en rafales, entrecoupés de hurlements. Dans la confusion, on croit entendre : « Planquez-vous », « Putain ! »

Il vous reste 68.38% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *