Au procès du 13-Novembre : face à une victime musulmane, les justifications de Salah Abdeslam – Le Monde

Intervention de Salah Abdeslam lors du procès des attentats du 13 novembre 2015, à Paris, le 30 septembre 2021.

Voilà trois jours que les rescapés du Stade de France et des terrasses de cafés parisiennes se succèdent à la barre pour raconter les chairs dilacérées, les amours brisés, les enfants traumatisés et ressusciter le souvenir des morts. Trois jours que les observateurs du procès du 13-Novembre se demandent comment les quatorze accusés, silencieux et masqués, vivent les récits de ces anonymes que la terreur a frappés aveuglément.

Jeudi 30 septembre, on a eu un premier élément de réponse. Il est arrivé, sans grande surprise, de l’accusé le plus volubile, Salah Abdeslam. Et c’est le témoignage d’une femme de confession musulmane, Aminata Diakite, dont la sœur Asta a été tuée devant le bar Le Carrillon, qui a provoqué la réaction du seul membre encore en vie des commandos : « Ceux qui ont fait ça ne sont pas des musulmans, notre islam à nous nous interdit de tuer », avait lâché la jeune femme à la barre. Elle n’est pas la première à tenir ce discours : sur la quarantaine de parties civiles qui se sont exprimées depuis mardi, cinq ont tenu à préciser qu’ils étaient de confession musulmane pour distinguer leur foi de l’idéologie djihadiste.

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Aminata Diakite est encore à la barre quand Salah Abdeslam manifeste son désir de prendre la parole. C’est au président, Jean-Louis Périès, de la lui accorder en allumant son micro s’il le juge utile. Il hésite : « Ce n’est pas le moment. Je ne suis pas sûr que les parties civiles souhaitent avoir votre témoignage à cet instant précis, ou alors pour avoir des mots un peu moins provocateurs que ceux que vous avez tenus jusqu’à présent. Que je ne sois pas obligé de vous couper le micro, prévient-il.

C’est pas pour être provocateur, en tout cas pas plus provocateur que les personnes qui se sont exprimées hier, répond Salah Abdeslam. La veille, un rescapé du Carillon avait qualifié les accusés de « racailles » et de « minables petits démons ».

– Vous étiez le premier à provoquer, Monsieur », rétorque le président, lui rappelant ses propos tenus dix jours plus tôt, juste après la diffusion de vidéos de la fusillade de la Belle Equipe, qui a fait vingt et un morts : « Ces terroristes, ce sont mes frères. »

« On ne vise que les mécréants »

Le micro est allumé. Salah Abdeslam déroule son propos : « Les victimes qui se sont exprimées à l’instant se sont revendiquées de l’islam. Ce que je vais dire ne va pas plaire à tout le monde, mais nous visons les mécréants. Si nous avons touché des musulmans, ce n’était pas notre intention. J’entends que beaucoup de gens souffrent, j’entends les victimes s’exprimer, je ne doute pas que ce sont des bonnes personnes, qu’ils ont des qualités, etc. Mais il y a beaucoup de victimes de notre coté aussi, en Syrie, en Irak (…) qui ont été touchées par les frappes de la coalition. »

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