Au procès des attentats du 13-Novembre, la défense de Mohamed Abrini plaide contre l’inéluctable – Le Monde

Le procès des attentats du 13-Novembre approche de son terme, l’air se raréfie dans la salle d’audience, l’heure est aux plaidoiries de l’impossible. Les avocats de Salah Abdeslam doivent s’exprimer en dernier, vendredi 24 juin. Jeudi 23, ceux de Mohamed Abrini avaient la parole pour convaincre les juges d’accorder à leur client un meilleur sort que la perpétuité assortie d’une peine de sûreté de vingt-deux ans requise par le Parquet national antiterroriste.

Comment plaider pour Mohamed Abrini ? Que dire en faveur de cet accusé si maladroit ? Comment défendre celui qui a loué les voitures ayant servi le soir des attentats et les planques des terroristes en banlieue parisienne ? Comment éviter la perpétuité à l’ami d’enfance de Salah Abdeslam et Abdelhamid Abaaoud, censé participer avec eux au carnage du 13 novembre 2015 mais qui, la nuit précédente, a choisi de quitter Paris en catastrophe ?

Marie Violleau, avocate de Mohamed Abrini, à la cour d’assises spéciale de Paris, le 23 juin 2022.

« La perpétuité plane ici, au-dessus de nos têtes, comme un rapace au-dessus de l’humanité. La perpétuité, c’est enlever le morceau de ciel entre les barreaux de la cellule. C’est supprimer l’air pur dans la petite cour pénitentiaire. C’est abaisser les plafonds des prisons pour que jamais on ne puisse tenir debout. » Vaillamment, Marie Violleau a plaidé contre l’inéluctable, cette peine maximale requise contre cinq accusés, et qui semble promise à celui qu’elle défend aux côtés de Stanislas Eskenazi.

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Double renoncement

La tâche des avocats de Mohamed Abrini relevait de l’équation insoluble. Non sans un certain panache, ils ont suggéré à la cour d’assises spécialement composée de Paris de la résoudre en se contentant d’infliger une peine de trente ans à « l’homme au chapeau », qui sera de nouveau jugé à l’automne à Bruxelles pour son implication dans les attentats ayant frappé la capitale belge le 22 mars 2016 – il avait cette fois renoncé à l’ultime seconde à se faire exploser à l’aéroport de Zaventem.

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Ce double renoncement serait presque, aujourd’hui, son meilleur atout. « Mohamed Abrini est coupable, vous allez le punir, il est le premier à le savoir, a dit Me Violleau, mais vous n’oublierez pas qu’il n’a jamais cessé de douter. » Le soir du 12 novembre 2015, il doute tant qu’il dit non : « Il ne veut plus y aller. Il claque la porte, il n’en sera pas. Il ne tiendra pas de kalachnikov entre les mains, il n’ira pas tirer au hasard sur les terrasses, il n’enfilera pas de gilet explosif. Le 13 novembre, il ne tuera personne. Ce n’est pas rien de renoncer à ce stade-là, de tout laisser tomber. »

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