Au procès de Reda Kriket, un verdict mesuré pour un projet d’attentat resté nébuleux – Le Monde

L’immeuble où vivait Reda Kriket, principal suspect d’un projet d’attentat déjoué, à Argenteuil (Val-d’Oise), en 2016.

Cinq condamnations inférieures aux réquisitions, deux acquittements, une cellule terroriste qui passe de sept membres à quatre… Le verdict rendu, vendredi 9 avril, dans le procès de la « cellule d’Argenteuil » sonne comme un désaveu pour l’accusation. Le Parquet national antiterroriste (PNAT) n’a été suivi sur aucune de ses réquisitions concernant les sept accusés, tous jugés pour association de malfaiteurs terroriste criminelle.

Le ministère public avait demandé la réclusion criminelle à perpétuité contre les trois principaux acteurs de ce dossier – Reda Kriket, Anis Bahri et Abderrahmane Ameuroud – accusés d’avoir fomenté un attentat déjoué le 24 mars 2016 après la découverte d’une cache d’armes à Argenteuil (Val-d’Oise). Au terme de cinq semaines de procès, la cour d’assises spéciale de Paris les a condamnés à vingt-quatre ans de réclusion, assortis d’une période de sûreté des deux tiers.

La cour n’a pas davantage suivi le PNAT pour les quatre accusés du « second cercle » de cette cellule. Deux d’entre eux – contre lesquels étaient requis quatre et huit ans de prison – ont été acquittés après quatre ans de détention provisoire. Le jugement n’a pas retenu d’infraction terroriste pour un troisième, condamné à huit ans de prison. Seul le quatrième a été condamné pour association de malfaiteurs terroriste à douze ans de réclusion – un an de moins que les réquisitions – pour un projet de départ en Syrie sans lien direct établi avec le projet d’attentat.

Ce verdict a surpris acteurs et observateurs de ce procès, tant il s’éloigne de la sévérité affichée par le PNAT. Le président, Laurent Raviot, n’a pas donné vendredi la motivation de la décision, qu’il est donc difficile d’interpréter. Elle acte qu’un attentat a bien été évité, ce vers quoi converge un faisceau d’éléments. Mais le procès n’a permis d’éclairer aucune des zones d’ombre laissées par l’instruction : on ne connaît ni les contours de cette cellule ni les détails de son projet. La modération de ce verdict reflète peut-être le sentiment qui a traversé l’audience : celui d’un dossier trop impressionniste pour être jugé de façon satisfaisante.

Les hypothèses de l’enquête

L’interpellation de Reda Kriket, le 24 mars 2016, intervenait dans un contexte particulier : quatre mois après les attentats du 13 novembre 2015 et deux jours après ceux de Bruxelles. En perquisitionnant un appartement que ce braqueur chevronné louait à Argenteuil, la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) découvre un arsenal de guerre : treize armes à feu, quelques grammes de TATP – explosif artisanal utilisé par l’organisation Etat islamique (EI) –, 1,2 kg de pentrite et de nombreux précurseurs d’explosifs.

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