Au procès de Nordahl Lelandais, condamné à vingt ans pour meurtre : le monstre a disparu, le mystère demeure – Le Monde

Au premier plan, de gauche à droite : Alain Jakubowicz, ses collaborateurs Mathieu Moutous et Valentine Pariat, Nordahl Lelandais. Au fond, le président François-Xavier Manteaux et l’avocate générale Thérèse Brunisso.

Après un long délibéré – plus de six heures –, la cour d’assises de la Savoie a déclaré Nordahl Lelandais coupable du meurtre d’Arthur Noyer, mardi 11 mai, peu avant minuit. Elle l’a condamné à une peine de vingt ans de réclusion criminelle, assortie d’une période de sûreté des deux tiers, aux airs de compromis entre les trente ans – le maximum encouru – requis par l’avocate générale Thérèse Brunisso, et les quinze ans espérés par la défense, qui souhaitait la requalification des faits en « violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner ».

Me Alain Jakubowicz, avocat de Nordahl Lelandais, a annoncé que son client âgé de 38 ans ne ferait pas appel de ce verdict rendu dans le silence de la nuit chambérienne, au terme d’un procès marqué par un calme et une sérénité aux antipodes de la frénésie médiatique, largement dénoncée par la défense, qui a entouré l’accusé depuis sa première garde à vue en 2017. « Vous serez jugé comme tous les accusés qui comparaissent devant la cour d’assises de la Savoie, par des jurés impartiaux qui sauront faire abstraction du contexte médiatique et se baser uniquement sur ce qui est dit à l’audience » : la promesse faite par le président de la cour François-Xavier Manteaux au premier jour a été tenue.

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« Trente ans, vingt ans, quinze ans, peu importe, ça ne nous ramènera pas Arthur », a réagi le père de la victime, Didier Noyer, tout de même satisfait : « On voulait que la société reconnaisse que notre fils avait été victime d’un meurtre. C’est fait. » Les jurés ont estimé que Nordahl Lelandais, en dépit de ses dénégations, était bien animé d’une intention homicide au moment où il a donné la mort à Arthur Noyer, 23 ans.

Incohérences, silences et mensonges

La motivation du verdict n’avait pas encore été rendue publique mercredi matin. On ne sait donc pas par quel moyen le jury a résolu l’équation délicate que proposait ce procès : personne n’a cru à la version de l’accusé, mais personne n’a pu en fournir une autre qui soit étayée par des preuves. Ainsi va l’intime conviction : Nordahl Lelandais est reconnu coupable d’homicide volontaire bien que, faute de cadavre, de scène de crime, ou de témoin, on ne sache pas comment ni pourquoi ni où Arthur Noyer a été tué.

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Tel est le scénario qu’a présenté l’accusé : le 12 avril 2017 à 3 heures du matin, à Chambéry, il a pris en stop le jeune caporal qui sortait de discothèque. Celui-ci lui a demandé de l’emmener vers la commune voisine de Saint-Baldoph pour y retrouver des amis. Une bagarre a éclaté sur un parking du village, déclenchée par Arthur Noyer qui reprochait à Nordahl Lelandais de lui avoir volé son téléphone. Après une salve de coups, le caporal est tombé K.-O. et ne s’est jamais relevé.

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