Au procès de l’ex-père Preynat : « L’enfermement est la seule réponse envisageable » – Le Monde

L’ex-curé Bernard Preynat, au tribunal correctionnel de Lyon, le 13 janvier.

L’ex-curé Bernard Preynat, au tribunal correctionnel de Lyon, le 13 janvier. PHILIPPE DESMAZES / AFP

Echapper au carcan des clergés, autant que des craintes familiales, surmonter sa honte, pour avoir le courage de dénoncer l’emprise, afin de lutter individuellement et collectivement contre la maltraitance sexuelle des enfants. Il a été question de tout cela dans le procès de Bernard Preynat, 74 ans, jugé par le tribunal correctionnel de Lyon pour agressions sexuelles sur mineurs, commises entre 1986 et 1990, au préjudice de dix victimes retenues aux limites de la prescription pénale.

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Après cinq jours de denses débats, la procureure Dominique Sauves a requis une peine de huit ans d’emprisonnement ferme, vendredi 17 janvier, contre l’ex-curé de Sainte-Foy-lès-Lyon (métropole de Lyon), proche du seuil maximal de dix ans de prison, encouru par le prévenu. « L’enfermement est la seule réponse envisageable », selon la magistrate, qui n’a toutefois pas réclamé de mandat de dépôt contre l’ancien abbé, laissé libre sous contrôle judiciaire, depuis sa mise en examen le 27 janvier 2016. Le jugement doit être rendu le 16 mars.

Le courage de s’attaquer à une cathédrale

En citant les noms des vingt-cinq autres victimes, entendues dans le dossier pour des faits prescrits, Dominique Sauves a incité le tribunal à tenir compte de « la gravité et de la multiplicité des faits », étalés sur près de vingt ans, entre 1971 et 1991, alors que le père Preynat dirigeait un groupe de quatre cents scouts. « Ce n’est pas le procès d’une lâcheté collective ou d’une institution, mais celui d’un homme qui avait mis en place sa propre structure pour répondre à ses pulsions », a estimé la procureure, déplorant « la trahison » de sa mission éducative et spirituelle, comme de « la confiance aveugle des parents ».

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Bernard Preynat a répliqué d’une voix chevrotante, dans ses derniers mots : « Je m’excuse auprès des victimes, de leurs familles, des autres prêtres du diocèse et de l’église que j’ai salie. » Doutant de ses remords à l’audience, les avocats des parties civiles ont stigmatisé « l’imposteur », qui a usé de son charisme dans la communauté catholique, pour se livrer chaque semaine ou presque à ses caresses oppressantes. « L’affaire Preynat met en évidence les ravages différemment vécus selon les personnalités et les histoires de chacun, avec trente ans de recul sur le préjudice », a plaidé Jean Boudot, défenseur d’un homme doublement muré dans le silence. Il avait confié ses soupçons à sa mère. Rassurée par le prêtre, elle avait demandé au père Preynat de venir bénir leur maison.

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