Au procès de l’attentat de Nice, des photographies retracent la course meurtrière du camion – Le Monde

Thierry Pereira, policier chargé des premières constatations dans la zone où se trouvait le camion après son immobilisation, au procès des attentats de Nice, à Paris, le 9 septembre 2022.

La salle d’audience est plongée dans la pénombre et le silence. Sur l’écran géant, la photo d’une foule dense qui assiste à un concert sur la promenade des Anglais. Les visages sont souriants. Une femme porte un enfant dans ses bras. Tout le monde a le regard tourné vers la scène. Personne ne devine le camion blanc, juste là, au second plan, un mètre derrière, lancé à vive allure. L’impact va avoir lieu dans une fraction de seconde. L’image est effroyable.

« Les gens ne voient pas le camion arriver et ne l’entendent pas non plus, sans doute à cause de la musique du concert », suppose le policier qui témoigne à la barre de la cour d’assises spécialement composée de Paris. Le président de la cour, Laurent Raviot, ne peut retenir un commentaire : « C’est terrifiant, parce qu’on mesure bien l’effet de surprise. Les gens ne se rendent compte de rien. »

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Cette image, qui a marqué l’audience, vendredi 9 septembre, est une capture d’écran extraite des enregistrements des cinq caméras de vidéosurveillance ayant filmé le parcours du camion au volant duquel Mohamed Lahouaiej-Bouhlel a tué 86 personnes, à Nice, le 14 juillet 2016. Dans les heures qui ont suivi l’attentat, un policier de la sous-direction antiterroriste, dont l’anonymat est assuré par la loi et dénommé dans le dossier comme « SDAT 58 », a été dépêché sur place avec pour mission de visionner ces images – l’idée était de trouver la trace d’une éventuelle complicité.

Vendredi, il était à la barre pour raconter ce qu’il a vu, et ce que le public devrait voir à son tour, jeudi 15 septembre. Le président de la cour est favorable à la diffusion des enregistrements. Personne ne s’y oppose, mais avocats de la défense et représentants de l’accusation émettent des réserves. Ces derniers s’inquiètent pour la santé mentale de ceux qui verront ces vidéos. « Il faut avoir à l’esprit l’effroi que va provoquer ce visionnage, a insisté l’avocat général, Jean-Michel Bourlès. Nous n’allons pas voir des corps de personnes décédées. Là, nous allons assister en direct au meurtre de ces personnes, à leur démembrement physique, ça va être particulièrement insupportable. »

Quatre minutes et 17 secondes d’horreur

En attendant cette projection, les quelques dizaines de parties civiles dispersées dans la grande salle d’audience ont donc écouté SDAT 58. Son récit, minute par minute, puis la vingtaine de captures d’écran qu’il a fait diffuser ont fourni un aperçu de l’horreur survenue ce soir-là entre 22 h 33 et 27 secondes, première image du camion sur le trottoir de la promenade des Anglais, et 22 h 37 et 44 secondes, horaire de la « neutralisation » du conducteur.

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