Au procès de Jonathann Daval, le poids du retentissement médiatique et l’horreur du crime – Le Monde

Jonathann Daval au tribunal de Vesoul, le 16 novembre

Le procès de Jonathann Daval devant la cour d’assises de Haute-Saône s’est ouvert dans une sérénité trompeuse, lundi 16 novembre. Le ton sobre et détaché du président de la cour, Matthieu Husson, a d’abord enveloppé cette audience si sensible d’un voile apaisant.

Après avoir lu le rapport d’enquête, il s’est longuement adressé à Jonathann Daval, dont la frêle silhouette semblait s’être égarée dans un décor trop vaste – la salle des assises du palais de justice de Vesoul n’est pourtant pas bien grande.

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« Vous ne serez pas jugé différemment parce que cette affaire a connu un retentissement inhabituel, je me dois de vous assurer un procès parfaitement équitable, lui a-t-il dit. La médiatisation pourrait entraver la sincérité de votre propos et votre liberté d’expression. Oubliez tout cela. Regardez vos juges, la cour et les jurés, ce sont eux qui vous jugeront, pas les gens dans la salle. Dans cette affaire, il n’est personne qui n’a pas eu connaissance des détails, des erreurs, des incohérences dans la phase d’instruction. Ce n’est pas sur cela que vous serez jugé, mais sur ce qui sera dit au cours des cinq prochains jours. »

Irréconciliables

Puis il a posé cette question introductive – « mes questions ne seront jamais piégeuses » – à l’accusé de 36 ans dont les explications ont souvent varié : « Aujourd’hui, quelle est votre position ? Vous reconnaissez que vous êtes impliqué, et le seul impliqué, dans la mort de votre épouse ? » De sa voix enfantine, Jonathann Daval a simplement répondu « oui ». A cet instant, on ne percevait pas encore de colère dans les regards que lui adressaient Isabelle et Jean-Pierre Fouillot, les parents d’Alexia, assis au premier rang.

Bien vite, toute la violence de l’affaire, et celle qu’un tel procès peut générer, a surgi. Deux parties irréconciliables se font face, et la qualification de « meurtre sur conjoint » ne convient à personne : les avocats de la famille Fouillot voudraient la voir surclassée en « assassinat » ; ceux de Jonathann Daval rétrogradée en « violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner ». Aux tentatives des uns de souligner la duplicité de Jonathann Daval répondent les tentatives des autres de souligner sa bonne foi.

L’accusation estime qu’on n’étrangle pas une personne pendant quatre à cinq minutes si ce n’est pour mettre un plan à exécution – la famille Fouillot promet quant à elle de démontrer qu’Alexia a été empoisonnée à petit feu par son mari. Face à ces hypothèses, la défense s’en tient au dossier. « Aviez-vous suffisamment d’éléments pour mettre en examen Jonathann Daval pour assassinat ?, a demandé son avocat, Randall Schwerdorffer, à l’enquêteur venu témoigner lundi.

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