Au Brésil, une faille dans l’IA d’un supercalculateur d’Oracle fait dérailler les élections municipales

Au Brésil, une faille dans l'IA d'un supercalculateur d'Oracle fait dérailler les élections municipales

Alors que des élections municipales à fort enjeu battent leur plein au Brésil, des problèmes techniques affectant l’IA d’un supercalculateur fourni par Oracle ont provoqué des retards dans le traitement des bulletins de votes du premier tour, qui se tenait le week-end dernier, ont indiqué les autorités brésiliennes.

Il s’agissait pourtant d’une grande première pour les autorités locales, qui utilisaient pour la première fois les capacités d’un supercalculateur pour centraliser la totalité des votes à l’échelle nationale en utilisant des plateformes de base de données propulsées par la technologie d’intelligence artificielle d’Oracle.

Auparavant, chacun des 27 tribunaux électoraux régionaux de tous les Etats brésiliens comptaient les votes avant de les transmettre aux autorités centrales. Conséquence de cette avarie ? Le processus de traitement des votes de cette échéance cruciale pour la suite du mandat de Jair Bolsonaro, le président de la république brésilienne, a subi un retard de près de trois heures. Rappelons que le Brésil est l’un des seuls pays au monde où le processus de vote est entièrement électronique. Le système qui comprend un parc d’environ 455 000 machines de vote, à la mesure de l’immensité de ce pays, permet de traiter les résultats en quelques minutes dans le cadre de la clôture des votes.

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Un retard de trois heures

Au cours de l’exercice de traitement des votes de dimanche, l’un des huit nœuds de traitement du serveur principal a été déconnecté. Alors que le retard dans le comptage des votes avait été initialement attribué à ce problème et que l’équipe informatique chargée de superviser l’élection s’était concentrée sur la résolution du problème, il a été constaté par la suite que l’équipement était capable de distribuer automatiquement la charge aux autres nœuds de traitement.

Bien que la défaillance du nœud ne soit pas liée à un retard direct et immédiat dans le processus de comptage des votes, les autorités expliquent que, comme le problème s’est produit au même moment, une lenteur dans le système a été vérifiée, ce qui signifie que l’équipe s’est concentrée sur la résolution du problème. Selon les autorités électorales, cette série d’événements liés au dysfonctionnement « a retardé l’identification de la cause directe du problème à résoudre » pour que les votes soient comptés plus rapidement. Celle-ci a toutefois indiqué que le problème a été résolu dès mardi dernier et que le système électoral fonctionne désormais correctement.

Pour les autorités, le véritable problème se situait en réalité dans le « manque de calibrage de l’intelligence artificielle » composant l’optimiseur de base de données Oracle, qui a pour fonction d’assurer un traitement plus rapide des données. L’équipement étant neuf, les résultats du premier tour des élections ont été totalisés dans une base de données avec des tableaux complètement vides. Or, selon les autorités, lors de la clôture du vote électronique, les tables de la base de données ont commencé à recevoir plus d’un million de lignes par minute.

Une cascade de dysfonctionnements

« Le plan d’exécution généré par l’ordinateur avec la base de données vide s’est avéré inadéquat pour le traitement avec une base de données pleine », notent alors les autorités, ajoutant que l’équipement Oracle « n’a pas réussi à apprendre, simultanément et avec la vitesse nécessaire, un nouveau plan d’exécution adapté au traitement du grand volume de données et à effectuer la totalisation avec la vitesse attendue ».

Pour le second tour des élections municipales, qui aura lieu au Brésil le 29 novembre, les autorités brésiliennes ont indiqué que leur équipe technique et Oracle feront tout pour que l’échec du plan d’exécution ne se reproduise pas, car l’optimiseur est déjà calibré pour traiter rapidement un plus grand volume d’informations. Des mesures sont d’ailleurs mises en œuvre pour éviter des problèmes similaires.

Les autorités brésiliennes ont relevé que le problème aurait pu être évité avec des tests pour calibrer l’optimiseur. Selon elles, les problèmes ont commencé avec un retard de plus d’un mois dans la livraison de l’équipement Oracle, en juillet 2020, causé par l’indisponibilité des pièces en raison de la crise sanitaire actuelle. Ce retard a eu un impact sur les délais de test du supercalculateur, si bien qu’au lieu de cinq tests, les autorités n’ont pu en effectuer que deux avant l’élection. « Le test de totalisation des votes est une procédure complexe et implique la mobilisation de tous les bureaux électoraux du pays afin que les bulletins de vote puissent être transmis massivement aux autorités, en simulant ce qui se passe le jour des élections », expliquent pourtant les autorités.

Partenaire particulier

Cela ne devrait pas empêcher Oracle de conserver l’exclusivité de la fourniture de services de cloud computing aux organismes du gouvernement fédéral brésilien, au grand dam de ses concurrents, comme AWS, qui cherche depuis longtemps à séduire les administrations brésiliennes. Pour rappel, l’accord conclu entre le Brésil et Oracle sur les supercalculateurs s’était conclu sans appel d’offres, la loi brésilienne n’exigeant pas de tels processus lorsqu’il y a impossibilité de concurrence. Selon la justice brésilienne, le récent changement de procédure et l’adoption de la technologie Oracle pour le comptage centralisé des votes résultent d’une recommandation de la police fédérale, qui est responsable des tests des urnes électroniques.

Une évaluation de la police fédérale pour 2018 sur ce dispositif précédent a pourtant relevé que le fait d’avoir un serveur physique dans chacun des tribunaux régionaux n’était pas une solution idéale. Le rapport suggère que le changement de l’architecture du serveur qui serait centralisé par les autorités électorales apporterait une « amélioration considérable » à la sécurité opérationnelle globale des élections.

Selon ce même rapport, « une architecture décentralisée et le fait qu’il y ait une base de données et un serveur d’application local sur un ordinateur dans chaque [tribunal régional] augmente la gamme des attaques potentielles sur l’environnement, qui peuvent être atténuées avec l’emplacement physique de ces machines dans l’environnement des autorités électorales ».

Source : ZDNet.com

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