Attaque de Paris: les couteaux en céramique, cauchemar des contrôles de sécurité – Le Figaro

FOCUS – L’arme blanche, utilisée par l’auteur de l’attaque à la préfecture de police de Paris jeudi, se révèle redoutable et quasi indétectable par les systèmes de sécurité.

Mickaël H., informaticien de la préfecture de police de Paris, a tué quatre personnes, en blessant plusieurs autres, jeudi, sur son lieu de travail. Pour commettre son acte, l’homme de 45 ans était équipé d’un couteau en céramique, muni d’une lame de trente-trois centimètres, acheté le matin même, selon nos confrères du Parisien . L’individu n’est pas le premier à utiliser cette arme blanche pour tuer ou blesser. Et pour cause: composée d’argile cuite, elle est indétectable des portiques de sécurité classiques. Ainsi, en mars dernier, le détenu radicalisé Michaël Chiolo a attaqué deux surveillants à la prison de Condé-sur-Sarthe. Le poignard avait été introduit dans l’établissement par le biais de son épouse lors d’une visite au parloir, déjouant tous les contrôles.

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Toujours plus répandu dans le commerce, le couteau en céramique est devenu une arme particulièrement prisée des criminels et terroristes. Sa lame est légère, n’a que rarement besoin d’être aiguisée et se révèle «au moins aussi coupante» qu’un couteau classique, indique au Figaro un haut gradé de la police, sous couvert d’anonymat. En juin 2017, à Londres, trois assaillants ont attaqué des passants sur le pont de London Bridge, après avoir tenté de les écraser avec une camionnette. Cinq personnes ont été tuées après avoir été poignardées, seulement trois par le véhicule. «Tant qu’il n’y a pas de surface dure et résistante en face ou de choc, il s’agit d’une arme extrêmement dangereuse et efficace», ajoute la même source.

Ondes millimétriques

«Tant qu’il n’y a pas de surface dure et résistante en face ou de choc, le couteau en céramique est une arme extrêmement dangereuse et efficace»

Un haut gradé de la police, sous couvert d’anonymat

Mais le couteau en céramique prend tout son intérêt dans son côté indétectable. «Les portiques de sécurité de base sont faits pour détecter le métal, ils ne sonnent pas pour de l’argile», assure une autre source. C’est ce genre de dispositif que l’on retrouve à l’entrée du hall de la préfecture de police de Paris, rue de Lutèce. Il est un passage obligatoire pour les personnes extérieures, également soumises à une fouille corporelle. Mais l’auteur des faits étant salarié là-bas, il a, comme les 3000 fonctionnaires y travaillant chaque jour, simplement eu à utiliser sa carte de police et passer un tourniquet pour pénétrer sur les lieux. «Dans ces cas-là, les services de sécurité ne font pas vraiment attention aux personnes qui disposent de badges», reconnaît la même source.

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Indétectable? Pas totalement. Dans les aéroports notamment, la donne est un peu différente. Tous sont équipés de scanners à rayons X, utilisés pour inspecter les bagages. «Les agents peuvent voir la forme du couteau tant qu’il n’est pas sur la tranche», détaille notre source policière. Mais la solution la plus efficace en la matière reste le scanner dit «corporel». Celui-ci est capable de détecter les ondes millimétriques émises par le corps humain et permet de voir la forme de l’objet lorsqu’il est dissimulé. Très onéreux – jusqu’à 150.000 euros pièce -, ces dispositifs sont peu à peu mis en place dans les grands aéroports. À Condé-sur-Sarthe, après l’attentat de mars, un portique de ce type a été installé. Des «palpations systématiques» au parloir également. L’attaque survenue jeudi à la préfecture de police parisienne pourrait remettre en cause les mesures de sécurité pour les employés.

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