Attaque au Niger : qui étaient les six jeunes humanitaires français tués – Le Parisien

Elles s’appelaient Charline, Nadifa, Myriam et Stella. Les garçons, eux, se prénommaient Léo et Antonin. Ils avaient « entre 25 et 35 ans ». Six jeunes Français, bardés de diplômes pour la plupart et embarqués dans une aventure commune à Niamey au Niger, sous la banderole de l’organisation humanitaire Acted. Ce dimanche 9 août, ils ont été tués dans une attaque dans la réserve de Kouré, dans laquelle ont péri les deux Nigériens qui les accompagnaient.

Charline, docteure en gestion, «une forte personnalité»

Charline, 30 ans, était diplômée de l’université d’Aix-Marseille./DR
Charline, 30 ans, était diplômée de l’université d’Aix-Marseille./DR  

Vingt-quatre heures après le drame, un premier hommage à l’une des victimes, Charline, est apparu, venant du compte Twitter de l’université d’Aix-Marseille (Bouches-du-Rhône). « Nous ne l’oublierons pas, est-il écrit. Nous adressons nos sincères condoléances à son oncle, sa famille, ses amis et ses proches. » C’est dans cette université, au sein de l’Institut de management public et gouvernance territoriale que Charline, 30 ans, originaire de Normandie, avait obtenu un doctorat en gestion. En parallèle, la jeune femme donnait aussi des cours.

« J’ai eu la chance de l’avoir comme professeure de 2015 à 2018, nous raconte Claire, l’une de ses étudiantes. Elle avait une forte personnalité et savait tenir une classe. Mais on rigolait aussi beaucoup, on était très attachés à elle. » Curieuse et vive, Charline avait aussi écrit une thèse portant sur les problématiques de l’eau et de l’assainissement en Palestine. D’après le quotidien régional la Provence, elle avait été en poste pendant deux ans à l’ambassade de France au Nigeria, avant d’être récemment embauchée par Acted.

Nadifa, du ministère des Armées à l’humanitaire

Nadifa aussi venait de rejoindre les rangs de l’organisation humanitaire. « Brune, pommettes saillantes, sourcils bien dessinés », selon le descriptif de l’une de ses connaissances, cette trentenaire était détentrice de plusieurs masters de droit et de gestion. Nadifa préparait aussi une thèse sur le commerce des armes. En début de carrière, elle avait travaillé chez AXA et Veolia. En 2015, changement de cap. Elle rejoint le ministère des Armées, d’abord au sein des services financiers, puis dans le cadre d’une mission militaire en République centrafricaine. Aimantée par l’international, elle suit une formation fin 2019 à Bioforce, un organisme spécialisé dans la préparation du personnel humanitaire pour des missions à l’étranger. Lors de la crise du Covid-19, elle se rend utile dans les rangs de l’Armée du salut avant de s’envoler pour le Niger courant juin. « Ça lui ressemble bien d’aller voir des girafes, souffle l’un de ses amis. Elle adorait les animaux et la nature ».

VIDÉO. Six Français, dont des humanitaires d’Acted, tués avec leurs guides au Niger

Stella, une première mission en Centrafrique en 2019

Stella, d’origine montpelliéraine, a suivi, elle aussi, la formation Bioforce et trouvé sa voie dans l’humanitaire après des études de marketing. Elle part d’abord pour la République centrafricaine en mai 2019 dans les rangs d’Oxfam, une autre organisation humanitaire, où elle veille à la mobilisation des fonds et à la gestion des subventions. Avant d’intégrer récemment les équipes d’Acted.

Myriam, plus de deux ans chez Acted. «Cette mission, c’était son rêve»

Myriam, à l’inverse, œuvrait déjà depuis plus de deux ans pour l’ONG française. D’abord en poste à Paris, elle met ensuite le cap à Tunis et au Tchad, s’intéressant aux relations internationales et à la géopolitique. En 2018, elle est diplômée d’un master « Peace Studies », une formation centrée sur la construction des processus de paix et la compréhension des conflits. « Myriam adorait aider les gens, se souvient son amie Samaria entre deux sanglots. Elle était souriante. Cette mission au Niger, c’était son rêve, elle était fière ».

Léo, tout juste diplômé, le benjamin de la bande

A 25 ans, Léo était le benjamin de la bande. Il était également le seul à avoir un contrat de « volontaire », un statut à mi-chemin entre le bénévole et le salarié. Selon son profil professionnel, qui montre un jeune brun au visage poupin, il occupait des fonctions de « chargé logistique » pour Acted à Niamey depuis avril, après avoir été préalablement stagiaire au siège de l’ONG à Paris pendant quatre mois. Il venait tout juste d’être diplômé d’une école de commerce à Rennes (Ille-et-Vilaine).

Antonin, un normalien engagé

Quant à Antonin, originaire de Bretagne, il avait intégré la prestigieuse Ecole normale supérieure Paris-Saclay à Cachan (Val-de-Marne). Après avoir suivi un master en économie de très haut niveau, il était devenu assistant de recherche dans un centre rattaché à l’Ecole nationale de la statistique et de l’administration économique (Ensae). Sur son profil LinkedIn, cette tête bien faite expose aussi ses engagements en faveur du développement international et de l’aide humanitaire. Avant d’arriver au Niger, il avait semble-t-il déjà effectué une mission pour Acted au Mali, en tant que responsable financier. Il a payé de sa vie, comme ses camarades, son investissement auprès des plus défavorisés.

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