
Assemblée : le budget de la Sécu adopté en première lecture après les rejets des motions de censure du RN et de LFI – Le Figaro

Faute de majorité absolue contre le recours au 49.3 par l’exécutif, le Rassemblement national et la France Insoumise ont échoué à renverser le gouvernement ce lundi après-midi.
Le sujet occupait toutes les discussions il y a seulement une semaine. Il semble déjà devenu une plate habitude. Lundi après-midi, en réponse à l’activation du 49.3 par la première ministre Élisabeth Borne pour faire adopter le projet de budget de la Sécurité sociale, les groupes La France insoumise (LFI) et Rassemblement national (RN) ont défendu tour à tour leur motion de censure. Et ce, face à une Assemblée plutôt sage, déjà fort accoutumée à cet outil de contestation permettant, en cas de vote favorable, le renversement du gouvernement. Les bancs des députés du camp présidentiel, visiblement certains de l’issue de ce nouveau débat, étaient alors quasi vides.
Comme prévu donc, ces deux motions ont été rejetées. Et si la semaine dernière, Marine Le Pen a réussi son «coup» et créé l’événement en annonçant à la surprise générale que les députés de son groupe voteraient la motion de la Nupes, le suspense autour de l’adoption de ces textes fut cette fois comme mort-né.
La droite ne se joint pas au vote
Lorsque le député Les Républicains (LR) Thibaut Bazin prend la parole à la tribune, tout le monde sait déjà ce qu’il s’apprête à annoncer. «Le futur ministre de la Santé», ironise même un député RN avant même que l’élu ne déclare effectivement que, comme la semaine dernière, le groupe LR ne votera aucune des deux motions de censure. Ne souhaitant pas «le KO institutionnel» ni de «vacances gouvernementales», les députés LR mettent en avant leur «esprit de responsabilité» tout en déplorant le passage en force et l’«absence de courage» du gouvernement. Hurlements depuis les bancs de LFI et du RN. La présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun Pivet, doit sévir à plusieurs reprises pour obtenir le calme.
Juste avant, les interventions de Sébastien Chenu (RN) et Clémence Guetté (LFI) ont été pour le moins offensives. À la tribune, le vice-président RN de l’Assemblée annonce que son groupe, «en parlementaires libres», continuera de voter «toute autre motion destinée à faire revoir au gouvernement sa copie dans l’intérêt de la France». L’Insoumise, elle aussi chargée de présenter la motion de censure déposée par son groupe, cible également le gouvernement : «En macronie, à 20 heures, on applaudit les soignants. Et à 20h01, on sort la matraque parlementaire pour faire passer un budget austéritaire. (…) Ne comptez pas sur nous pour tout laisser passer, c’est le sens de cette motion de censure». Avant de lancer aux membres de l’exécutif présents : «Méfiez-vous de votre propre majorité : même les enfants les plus patients peuvent se lasser de jouer aux Playmobil.»
La réponse de la première ministre n’est pas moins combative : elle tance une «alliance contre nature» et accuse LFI d’«entreten(ir) la confusion» avec le RN. «La nouvelle alliance des populismes ne construit pas de majorité alternative», ironise-t-elle, regrettant les «outrances» et les «contrevérités» des deux partis.
Olivier Faure s’en prend au RN
La séance a été marquée par l’intervention très musclée du premier secrétaire du Parti socialiste vis-à-vis du RN, une semaine après que ces derniers ont voté, à leurs côtés, la motion déposée par la Nupes. «Je vais dire des choses simples et définitives : nous ne voterons jamais aucune motion du Rassemblement national. Tout nous sépare. Nous sommes les héritiers du Conseil national de la Résistance, (…) quand vous, à l’extrême droite, avez collaboré avec Vichy.» Sous le regard ahuri de Marine Le Pen qui, après une courte pause, venait de refaire son apparition dans l’hémicycle. «De nous, vous n’obtiendrez rien», a conclu Olivier Faure, applaudi par les siens.
La motion du RN a donc subi le même sort que la semaine passée, avec seulement 90 voix pour, au lieu des 289 requises pour aboutir. Celle de LFI, quant à elle, a connu un meilleur sort, avec 218 votes favorables, dont les députés de LFI, du RN, et certains du PS et des Verts. Parmi les parlementaires de ces deux groupes – non-signataires cette semaine de la motion LFI -, une vingtaine d’élus ont a priori refusé de donner leurs voix. L’indice de divisions à venir au sein de la Nupes ?
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