Assassinat de Rafic Hariri : un membre présumé du Hezbollah reconnu coupable par le tribunal spécial – Le Monde

Une statue en hommage à l’ancien premier ministre libanais Rafic Hariri, à Beyrouth.

Plus de quinze ans après l’assassinat de l’ex-premier ministre libanais Rafic Hariri, le Tribunal spécial pour le Liban (TSL) a rendu, mardi 18 août, son jugement à l’encontre de quatre membres du Hezbollah libanais, jugés par contumace. Trois d’entre eux ont été acquittés, et le quatrième a été condamné : sa peine sera prononcée à une date ultérieure et il encourt la prison à perpétuité. L’accusation et la défense peuvent toutes deux faire appel du jugement.

« Le tribunal a statué, et au nom de la famille de l’ancien premier ministre Rafic Hariri, et au nom des familles des martyrs et victimes, nous acceptons la décision du tribunal », a déclaré Saad Hariri à des journalistes à l’issue du prononcé du jugement, devant le TSL.

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Rafic Hariri, chef de file de la communauté sunnite qui avait des liens étroits avec les Etats-Unis, des pays occidentaux et des alliés sunnites dans le Golfe, était considéré comme une menace pour l’influence de l’Iran et de la Syrie au Liban. Son assassinat, le 14 février 2005 à Beyrouth lors d’un attentat à la voiture piégée qui a fait au total 22 morts et plus de 220 blessés, a plongé le Liban dans ce qui fut alors sa plus grande crise depuis la guerre civile de 1975-1990.

L’attentat avait également provoqué le retrait des troupes syriennes et ouvert la voie à des années de confrontation entre les différents courants politiques du pays. Le Hezbollah, mouvement armé chiite soutenu par l’Iran, a toujours nié toute implication dans l’attaque à la camionnette piégée.

Mardi, le TSL, qui siège dans la banlieue de La Haye, aux Pays-Bas, a condamné Salim Ayyash, 56 ans. Il était accusé d’avoir dirigé l’équipe qui a perpétré l’attentat. Les accusations portées contre lui incluent « la commission d’un acte de terrorisme », ainsi que « l’homicide intentionnel de Rafic Hariri » et de 21 autres personnes. Il était également accusé de « tentative d’homicide intentionnel » de 226 personnes. Dans une autre affaire, le tribunal l’a accusé en 2019 de « terrorisme » et de meurtre pour trois attaques meurtrières perpétrées contre des politiciens libanais en 2004 et 2005.

Le TSL créé après une résolution du Conseil de sécurité en 2007

L’ancien premier ministre libanais Rafic Hariri a été tué dans une explosion le 14 février 2005 à Beyrouth.

Les trois autres suspects ont été acquittés. Agés respectivement de 46 ans et 43 ans, Hussein Oneissi et Assad Sabra étaient soupçonnés d’avoir fait parvenir à la chaîne d’information Al-Jazira une vidéo revendiquant l’assassinat de Rafic Hariri au nom d’un groupe fictif. Ils étaient notamment accusés par le TSL de « complicité de commission d’un acte de terrorisme » mais aussi de « complicité d’homicide intentionnel ». M. Oneissi est aussi soupçonné d’avoir recruté un islamiste libanais, Ahmed Abu Adass et de l’avoir aidé à enregistrer la fausse vidéo de revendication.

Hassan Habib Merhi, 54 ans, était quant à lui poursuivi pour « complicité de perpétration d’un acte de terrorisme » et « complicité d’homicide intentionnel ». Le principal suspect, décrit comme le « cerveau » de l’attentat par les enquêteurs, n’a, lui, pas pu être jugé. Mustafa Badreddine, l’ancien chef militaire du Hezbollah est donné pour mort depuis mai 2016, tué dans un attentat près de l’aéroport de Damas, selon son organisation.

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Le TSL avait été créé après une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU en 2007 sur l’établissement d’un tribunal international pour juger les assassins de M. Hariri. Le Hezbollah, allié de Damas et de Téhéran, avait, à l’époque, dénoncé une « violation de la souveraineté du Liban ».

Le verdict du TSL pourrait compliquer davantage une situation déjà tumultueuse, alors que le gouvernement libanais soutenu par le Hezbollah et ses alliés a démissionné la semaine dernière, six jours après l’explosion dans le port de Beyrouth. Attendue il y a deux semaines, la décision du TSL avait été repoussée après l’incident qui a fait au moins 177 morts et 6 500 blessés.

Le 14 août, le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a prévenu qu’il ne se sentirait pas concerné par le verdict : « Pour nous, ce sera comme si la décision n’avait pas été annoncée. »

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Le Monde avec AFP

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