Après le féminicide d’Hayange, une « nécessité absolue de coordonner » police et justice, selon l’inspection – Le Monde

Une marche silencieuse à Hayange (Moselle), le 26 mai 2021, pour rendre hommage à Stéphanie, une femme de 22 ans qui a été tuée dans la rue dans la nuit du 23 au 24 mai.

Un nouveau rapport d’inspection, et toujours la même question : le féminicide de Stéphanie D., poignardée à mort à 22 ans par son compagnon en pleine rue à Hayange (Moselle), dans la nuit du 23 au 24 mai, aurait-il pu être évité ? Pourquoi le suspect, connu des services de police pour des faits de violences conjugales, avait-il bénéficié d’un aménagement de peine, de plus au domicile du couple ? Pourquoi la justice n’avait-elle aucune connaissance de la plainte déposée par Stéphanie D. plus de six mois avant son assassinat ?

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S’il ne pointe aucun « manquement professionnel dans les décisions prises avant le meurtre », le rapport de la mission conjointe de l’inspection générale de la justice et de l’administration insiste cependant sur « la nécessité absolue de coordonner l’action des acteurs locaux ». La mission estime également que « la multiplication des directives respectives des ministères de l’intérieur et de la justice risque de compliquer l’action des services locaux en laissant subsister une ambiguïté dans les comportements à tenir ». Dans leurs conclusions, les inspecteurs généraux invitent les ministères de Gérald Darmanin et d’Eric Dupond-Moretti, aux relations fraîches actuellement, à dialoguer davantage.

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Les violences conjugales au sein du couple étaient en effet connues des forces de l’ordre. De janvier 2018 à janvier 2020, le comportement du compagnon de Stéphanie D. est à l’origine de nombreuses interventions policières, à leur domicile ou sur la voie publique. Et la violence est bien présente dans les comptes rendus de police évoquant des « violences verbales », une « bousculade », un « jet de pierre dans le dos » ou encore des menaces d’enlèvement de la petite fille du couple. Ainsi, le 21 juin 2018, est noté à 9 h 36 :

« La mère nous explique que depuis quelque temps elle a subi des violences et des menaces de son compagnon. Son compagnon la menaçait de lui prendre l’enfant pour l’emmener au Kosovo et de lui envoyer sa famille pour lui faire la peau. »

Puis, le 27 octobre 2020 :

« Elle a peur des représailles et la peur que son [mari] lui enlève leur fille. »

« Dysfonctionnement inexpliqué » du bracelet électronique

Stéphanie D. avait même déposé une main courante au poste de police d’Hayange le 14 janvier 2020 pour des violences verbales puis une plainte auprès du commissariat de police de Thionville (Moselle), le 3 novembre 2020, pour des menaces de mort réitérées et des appels téléphoniques malveillants de son compagnon. Une plainte toujours « en attente de traitement » au moment des faits, souligne le rapport de la mission conjointe.

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