
Après la mort d’un proche d’Adama Traoré, la famille remet en cause la version policière après l’autopsie – Le Monde

Trois jours après la mort de Mahamadou Fofana à la suite d’une course-poursuite avec la police, l’autopsie de cet homme de 35 ans, présenté par la famille Traoré comme le cousin d’Adama mort à la suite d’une course-poursuite avec les gendarmes en 2016, livre autant de réponses qu’elle pose de questions.
Les conclusions de cette expertise, lues par les enquêteurs aux représentants de la famille et auxquelles Le Monde a pu avoir accès, confirment une partie de la version policière : les médecins penchent pour une mort par noyade, même s’ils ne peuvent en être absolument sûrs à ce stade. Le parquet de Versailles avait donné l’information mardi soir. Mais les examens révèlent également d’autres traces d’origine inconnue : des « abrasions » au niveau du crâne, d’aspect récent, qui pourraient résulter selon les experts « d’un choc contre un plan dur ». Si ce traumatisme ne semble pas avoir causé le décès, il reste inexpliqué au vu de la version des faits qui a été donnée jusqu’à présent.
Selon une source policière, il est 23 heures, ce dimanche 13 septembre, lorsque des fonctionnaires, mobilisés à Marly-le-Roi (Yvelines) en raison du signalement de cinq individus en train de charger une moto à bord d’un fourgon, prennent en chasse l’un d’entre eux. Après l’avoir perdu de vue, ils constatent que celui-ci s’est jeté dans la Seine afin de leur échapper. En difficulté dans l’eau, il tente de faire demi-tour. Les agents affirment s’être jetés à leur tour à l’eau afin de le ramener sur la berge, où ils ont pratiqué les gestes de premiers secours, sans succès. Les examens font d’ailleurs état de traces de tentative de réanimation (avec des fractures sternocostales).
L’avocat de la famille remet en question la procureure de Versailles
Pour la famille du jeune homme, dont la sœur d’Adama Traoré, Assa Traoré, les abrasions au niveau du crâne prouvent que les explications policières sont tronquées. Leur avocat, Yassine Bouzrou, demande que la procureure de Versailles soit dessaisie du dossier, pour avoir communiqué d’« une manière partielle et partiale » dans cette affaire : « Dans ses allégations médiatiques, la procureure de Versailles a mis en avant les antécédents judiciaires de M. Fofana et a tenté de justifier la noyade par la peur d’aller en prison alors que l’enquête n’est même pas commencée. Plus grave, la procureure de Versailles, alors qu’elle disposait des conclusions de l’autopsie, a volontairement omis d’indiquer que M. Fofana présentait des lésions importantes d’allure récente au niveau de la tête. »
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